Fin mai 2023, Élisabeth Borne s’était prononcée pour l’interdiction d’ici à 2026 des nouvelles chaudières à gaz. Objectif: réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du bâtiment. Si depuis, le ministre de l’Économie Bruno Lemaire s’est prononcé contre ce projet le 9 juillet au micro de LCI: “Je suis opposé à l’interdiction des chaudières à gaz. C’est une mauvaise idée, qui va susciter beaucoup d’inquiétudes chez nos compatriotes les plus modestes”, une concertation doit s’achever le 28 juillet pour définir les contours du projet. À cette occasion, l’association de consommateurs UFC Que-Choisir monte au créneau et dénonce “un propos précipité”, l’absence d’étude claire sur les bénéfices environnementaux, mais surtout le coût pour les consommateurs contraints de changer de mode de chauffage. Actuellement, 12 millions de Français se chauffent au gaz.
Bilan environnemental et passoires thermiques
Dans son communiqué, l’association de consommateurs ne mâche pas ses mots et déplore “un simulacre de concertation”. “Pour nous, il n’y aucune raison de se positionner sur un calendrier de fin des chaudières à gaz sans même que la question de l’impact environnemental ait été tranchée”, poursuit-elle.
En effet, le gouvernement souhaite privilégier les pompes à chaleur, notamment dans les maisons et les logements en chauffage collectif. Mais quel serait l’impact environnemental d’une telle bascule? Pour l’UFC-Que Choisir, “rien ne permet aujourd’hui d’affirmer que le bilan environnemental d’une réduction du parc de chaudières à gaz serait positif.” À terme, la demande électrique induite par l’interdiction de ces chaudières risquerait “d’imposer un large recours aux centrales thermiques”, encore plus émettrices que des chaudières à gaz. “L’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le secteur du bâtiment et des logements d’ici à 2030, via la fin des chaudières à gaz. Cela étant? on ne prend pas du tout en compte les émissions indirectes induites par un surcroît de production d’électricité liée au fonctionnement des moyens de chauffages alternatifs, dont les pompes à chaleur”, poursuit Antoine Autier.
L’association attire également l’attention sur la réalité du terrain dans ce dossier: changer les chaudières sans prendre en compte “l’efficacité énergétique du bâtiment serait une véritable aberration”. “70% des logements chauffés au gaz sont mal isolés, dont 12% de passoires énergétiques. Changer de mode de chauffage dans un logement mal isolé est un non-sens”, poursuit l’expert. Enfin, l’installation d’une pompe à chaleur n’est pas possible partout, notamment dans les habitats collectifs avec un chauffage individuel.
Changer de chaudière mais à quel prix?
Dernier point et pas des moindres: l’impact financier pour les ménages contraints de changer leur équipement. Au regard des aides actuelles, dont MaPrimeRenov’, s’équiper d’une pompe à chaleur aérothermique entraînerait un surcoût pouvant aller jusqu’à 7000€ estime l’UFC. “Tous les consommateurs ne sont pas en mesure de sortir cette somme. Il faut que cela passe soit par une aide supérieure ou des dispositifs de prêt à taux à 0% pour lever ce frein financier“, conclut Antoine Autier.