L’ordre de grandeur est impressionnant. Au deuxième trimestre, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi et n’ayant pas du tout travaillé (catégorie A) avait baissé de quelque 50.000. Au troisième, la diminution a été quatre fois plus importante. C’est ce qui ressort des données qu’a publiées ce mercredi le ministère du Travail.
Entre juillet et septembre, il a recensé 3.544.100 chômeurs de catégorie A en France hors Mayotte, un chiffre en baisse de 206.000 par rapport au deuxième trimestre, soit une diminution de 5,5 % sur le trimestre et de 9,7 % sur un an. Il est même inférieur de quelque 5.000 à celui enregistré au quatrième trimestre de 2019, le dernier niveau de référence avant la crise. A noter que toutes les classes d’âge bénéficient de la baisse, les moins de 25 ans encore plus que les autres (-8,4 % sur un trimestre et -14,8 % sur un an).
Si l’on intègre aussi les personnes ayant un peu ou beaucoup travaillé dans le mois (catégories B et C), on ne constate toutefois pas de recul aussi fort. En moyenne, entre juillet et septembre, le nombre de demandeurs d’emploi s’est établi à 5.871.200. C’est 2 % de moins que le trimestre précédent et 3,6 % de moins sur un an (-112.800). C’est cependant encore quelque 125.000 de plus qu’à la fin de 2019.
Retour à meilleure fortune
Un tel transfert progressif vers l’activité est classique en période de reprise, avec tout de même pour celle-ci une nouveauté puisque les embauches en CDI sont exceptionnellement dynamiques. Cela revêt une dimension particulière avec l’entrée en vigueur de la réforme du calcul de l’allocation chômage qui va pénaliser les demandeurs d’emploi alternant périodes infra-mensuelles travaillées et non travaillées. Mais c’est trop tôt pour en analyser les conséquences puisque la modification n’a démarré qu’au 1er octobre. Le Conseil d’Etat a validé sa mise en oeuvre vendredi dernier en attendant de se prononcer sur le fond.
Quoi qu’il en soit, les évolutions constatées en septembre vont permettre au gouvernement de déclencher un autre volet de la réforme de l’assurance-chômage côté indemnisation des demandeurs d’emploi à compter du 1er décembre, une échéance fixée par le Premier ministre, Jean Castex. Ce sont les deux mesures soumises à la clause de retour à meilleure fortune fixée en mars dernier : l’augmentation des exigences de durée d’activité pour avoir droit à une indemnisation (passage de quatre à six mois minimum d’activité dans les 24 derniers mois hors confinement) et l’application de la dégressivité des allocations pour les chômeurs qui percevaient auparavant un salaire brut mensuel de quelque 4.500 euros par mois.
Seuils dépassés
Selon les estimations des « Echos », les deux seuils inscrits dans la clause de retour à meilleure fortune ont été dépassés haut la main fin septembre. Côté emploi, compte tenu des bons chiffres de septembre publiés il y a quelques jours par l’Urssaf, 3,2 millions d’embauches de plus d’un mois ont été réalisées sur quatre mois glissants, soit 500.000 de plus que le plancher fixé par le gouvernement. A noter que ce critère avait été atteint dès juin .
Et suite aux statistiques publiées ce mercredi, sur six mois hors avril et mai confinés, la baisse du nombre de chômeurs de catégorie A a atteint 239.000, soit près du double du minimum de 130.000 fixé dans la réforme.
Mais ces évolutions ne doivent pas masquer l’ampleur du chômage de longue durée (catégories A, B et C confondues). La bonne nouvelle sur ce point est que le nombre de demandeurs d’emploi depuis plus d’un an est déjà reparti à la baisse, et de façon significative (-100.000 demandeurs d’emploi, soit -3,3 % sur un trimestre). Mais s’il est repassé sous la barre symbolique des 3 millions et de 50 % des demandeurs d’emploi, à 2.926.200, il est seulement revenu à son niveau du troisième trimestre de 2020, encore loin au-dessus du niveau d’avant la crise.