« Toutes les conditions ne me semblent pas réunies pour une réévaluation immédiate du point d’indice. » La ministre de la Transformation et de la fonction publiques, Amélie de Montchalin, n’a pas réservé de surprise aux syndicats qu’elle a reçus ce jeudi pour parler salaires. Pour la première fois, la valeur du point servant de base au salaire des agents de la fonction publique a donc été gelée sur toute la durée d’un quinquennat .
Pour justifier cette décision d’une cinquième année blanche, la ministre a évoqué une « situation économique incertaine » et une inflation pas forcément appelée à durer. Elle a aussi ciblé les collectivités locales, expliquant qu’une augmentation générale ne pouvait se décider sans les consulter, sans que les syndicats comprennent vraiment pourquoi cela n’a donc pas été fait. La ministre a par ailleurs insisté sur le choix fait par le gouvernement de privilégier les mesures catégorielles – pour les soignants, les policiers, les enseignants – ainsi que les agents de catégorie C, les moins bien payés, en sus de l’indemnité inflation .
Pas de Père Noël électoral
Les fédérations de fonctionnaires ne croyaient cette fois-ci pas au Père Noël électoral, celui-là même qui avait vu François Hollande accorder une revalorisation à la fin de son mandat. Mais la déception a tout de même été rude car le gouvernement s’en est tenu au service minimum.
Il se contente de poursuivre l’alignement sur le futur niveau du SMIC au 1er janvier de l’indice minimal de traitement (le plus bas salaire d’entrée dans la fonction publique). « Cette hausse veut dire que concrètement le bas de la grille des catégories B va être rattrapé par le SMIC », critiquent tous les syndicats. Aucune mesure n’a été annoncée pour limiter l’écrasement de la grille via une hausse en sifflet des plus bas salaires de la fonction publique rattrapés par le SMIC.
« Faute politique », « mécontentement »
La CGT, la FSU et Solidaires ont décidé de claquer la porte avant la fin de la réunion. « On est particulièrement affligé de la teneur de cette réunion qui théorise le fait que le gel du point d’indice deviendrait la norme », a expliqué à la sortie Benoît Teste de la FSU, au nom des trois syndicats, qui vont se rencontrer avant Noël pour examiner les modalités d’une mobilisation.
Les autres syndicats sont restés jusqu’au bout, mais ont aussi dénoncé l’absence d’annonces. « C’est une faute politique que le gouvernement n’ait pas su se saisir de l’occasion pour dégeler la valeur du point d’indice alors que tous les signaux sont au rouge sur le pouvoir d’achat », a déploré Luc Farré, de l’UNSA-Fonction publique. Son homologue de la CFDT, Mylène Jacquot, a exprimé son « mécontentement » face à l’absence de mesures permettant de couvrir l’inflation.
Un calendrier élastique
Seule nouveauté : Amélie de Montchalin a annoncé une négociation, mais avec un calendrier si élastique qu’il enjambe l’élection présidentielle . La ministre a déjà lancé une conférence salariale en donnant pour mission à Paul Peny et Jean-Dominique Simonpoli de travailler avec les organisations syndicales sur une évolution du système de rémunération des fonctionnaires. « Il faut qu’on aille plus vite, plus loin », a expliqué la ministre à la presse, précisant : « On doit utiliser les mois à venir pour réaliser un travail de diagnostic et de propositions » qui déboucherait sur l’ouverture d’une négociation au début du prochain quinquennat.
Ce sera sans la CGT, la FSU et Solidaires. La CFDT et l’Unsa, elles, iront. « On est arrivé à un tel niveau de dégradation qu’il est impératif de se lancer sans tarder dans des travaux permettant de traiter de l’évolution de la rémunération tout au long de la vie professionnelle des agents », a expliqué Mylène Jacquot. « L’Unsa par principe participera à tout ce qui peut permettre d’améliorer la rémunération des agents publics », a ajouté Luc Farré.