C’est une inégalité persistante , qui s’aggrave encore un peu plus cette année. Les femmes françaises ont commencé, mercredi à 9 h 22, à « travailler gratuitement », et ce jusqu’à la fin de l’année, selon la lettre d’information féministe « Les Glorieuses », qui dénonce les inégalités salariales entre les hommes les femmes.
Depuis 2016, le collectif calcule cette date et heure symboliques, à partir des statistiques européennes d’Eurostat . Cette année, la différence atteint 16,5 %, contre 15,5 % l’an dernier, avec une date déterminée alors au 4 novembre à 16 h 16. En 2019, la date était fixée le 5 novembre .
Si l’écart de rémunération « s’est creusé », regrette Rebecca Amsellem, l’économiste qui a créé les « Glorieuses », la question de l’égalité salariale s’est « démocratisée », et « de plus en plus de gens y sont sensibles », estime-t-elle. A quelques mois de l’élection présidentielle , la spécialiste appelle donc les candidats à oeuvrer « concrètement » contre ces inégalités, les politiques actuelles étant « insuffisantes ».
Incertitudes liées au Covid
« Les chiffres d’Eurostat datent de 2019 », prévient Rebecca Amsellem. Dès lors les conséquences des politiques récentes mises en place pour lutter contre l’inégalité salariale ne sont pas visibles dans le calcul des « Glorieuses ». Comme l’index égalité , créé en 2018, qui représente « le plus fort engagement sur l’égalité salariale » selon l’économiste, mais qui « a ses limites, notamment car il ne concerne que les plus grosses entreprises ».
« De la même manière, on n’a pas les effets du Covid dans le calcul, on le saura l’an prochain », poursuit Rebecca Amsellem. Un impact sanitaire qui pourrait être très négatif sur les salaires des femmes. « Les chiffres des Etats-Unis montrent que ce sont les femmes qui ont le plus pâti du Covid : elles se sont le plus occupées des enfants à la maison et ce sont elles, plutôt que les hommes, qui ont dû s’adapter en termes d’espace dans le foyer », égrène la spécialiste. Et certains secteurs français parmi les plus aidés en temps de Covid ont été ceux « à prédominance masculine », comme l’aéronautique (23 % de femmes) et le numérique (20 % de femmes), souligne Rebecca Amsellem.
Des leviers d’action contre ces discriminations existent, martèle Rebecca Amsellem. son collectif plaide pour des actions qui peuvent « être appliquées facilement et rapidement », et qui ont déjà fait leurs preuves dans « d’autres pays ». Comme la « revalorisation des salaires dans les emplois où les femmes sont les plus nombreuses » ou encore l’allongement du congé paternité à la même durée que le congé maternité.