Le soulagement est palpable en Bourse. Après près de cinq semaines de conflit armé, les investisseurs ont salué mardi les avancées des pourparlers de paix entre les Russes et les Ukrainiens, notamment l’annonce d’une réduction de l’activité militaire russe autour de Kiev. Un signe prometteur, qui a permis à l’indice CAC 40 de rebondir mardi de 3,08 %, à 6.792 points.
Il a ainsi effacé l’ensemble des pertes subies depuis le début de l’invasion russe le 24 février, après avoir rebondi de près de 14 % ces trois dernières semaines. L’embellie est générale en Europe. Le DAX allemand a regagné 15,5 % depuis le 8 mars. L’indice paneuropéen STOXX 600 a quant à lui déjà dépassé son niveau du 23 février.
Les banques et l’automobile à la fête
« Le marché s’habitue à tout », note laconiquement Greg Hirt, directeur de la gestion multi-actifs chez AllianzGI. Face à l’absence de gros accident financier lié à la mise en place des sanctions occidentales, les investisseurs espèrent que le pire est désormais derrière eux. Les sociétés et les secteurs les plus exposés à la Russie, qui avaient particulièrement souffert depuis le début des hostilités, ont ainsi tiré les marchés à la hausse ce mardi.
L’espoir d’un règlement diplomatique du conflit a permis aux investisseurs de se projeter dans un avenir plus stable, et d’espérer bientôt davantage de visibilité sur l’état de l’économie après plus d’un mois de guerre aux portes de l’Europe. Le regain d’appétit pour le risque a été d’autant plus important que les prix des matières premières, et en particulier de l’énergie , ont également reflué dans la foulée des annonces russes.
A la Bourse de Paris, Renault s’est envolé de près de 12 % tandis que Société Générale et Alstom bondissaient de plus de 8 %. A l’inverse, les titres recherchés après le début du conflit ont cédé du terrain. Thalès – le spécialiste de la défense au sein du CAC 40 – a abandonné 5 %, terminant lanterne rouge de l’indice parisien.
Les professionnels se montrent prudents
Mais cet optimisme concernant la suite des hostilités est loin d’être partagé par tous. « Les négociations sont de la poudre aux yeux, la guerre va durer », met en garde Greg Hirt, qui estime que l’impact du conflit sur l’économie européenne n’est pas forcément reflété dans les cours. « On n’est pas dans un marché haussier, les indices européens risquent de repartir graduellement à la baisse au cours des mois qui viennent », ajoute-t-il.
Il n’est pas le seul à se montrer circonspect sur les perspectives des marchés européens. Le CAC 40 est en route pour enregistrer son pire trimestre depuis début 2020 et le déclenchement de la pandémie. L’indice parisien affiche encore des pertes de près de 8 % par rapport à son record historique du 5 janvier à 7.376 points, et rares sont les professionnels des marchés à parier sur un retour rapide à de tels niveaux.
Ralentissement de l’économie
Morgan Stanley a récemment revu à la baisse ses estimations de hausse des bénéfices cette année et l’an prochain. Il faut dire que face aux pressions inflationnistes liées à la flambée des prix de l’énergie, les marges risquent fort de souffrir et le pouvoir d’achat des consommateurs d’en prendre un coup. La confiance des ménages a déjà fortement marqué le pas en France comme en Allemagne en mars, pour retomber à ses niveaux les plus faibles en plus d’un an.
Pour tenter de juguler l’envolée de l’inflation, la Banque centrale européenne semble déterminée à engager rapidement le resserrement de sa politique monétaire . Un écueil de plus pour les Bourses européennes, accoutumées depuis plusieurs années à être continuellement abreuvées de liquidités. « On marche sur des oeufs », souligne Emmanuel Cau de Barclays. Pour les investisseurs européens, « la complexité va être de naviguer dans cette incertitude sans le soutien des banques centrales », prévient-il.