Lentement mais sûrement la réforme de retraites monte en charge. Pour partir en retraite cette année, les personnes nées en 1962 devront avoir 62 ans et 6 mois, et donc attendre au moins l’été prochain pour faire valoir leurs droits.
Pour mémoire, la réforme adoptée dans la douleur au printemps et entrée en vigueur en septembre dernier a prévu de décaler progressivement l’âge légal de départ à la retraite de 62 ans aujourd’hui à 64 ans pour les personnes nées après 1968. Pour les personnes nées avant cette date, l’âge de départ est décalé à raison de trois mois par année de naissance.
Pas de précipitation
Les personnes nées après septembre 1961, ont dû « attendre » d’avoir trois mois de plus qu’avant la réforme entrée en vigueur à l’automne pour tourner la page de la vie active. Et celles nées après le 1er janvier 1962 devront patienter six mois supplémentaires avant de passer ce cap. Une marche qui pourrait paraître haute à franchir pour certains.
« Les gens ont eu quand même six mois, un an pour intérioriser la mauvaise nouvelle. S’ils doivent travailler un trimestre de plus ou six mois de plus, ils le font », temporise Valérie Batigne, fondatrice de Sapiendo, un cabinet qui conseille les assurés dans leur projet de retraite. « On n’a pas vu d’effet de précipitation », estime de son côté Emmanuel Grimaud, fondateur de Maximis Conseil, qui accompagne des entreprises sur les sujets de retraite.
Pour obtenir une retraite à taux plein, les assurés de la génération 1962 devront par ailleurs, avoir obtenu 169 trimestres. Soit un trimestre demandé en plus par rapport à avant la réforme. Rappelons que celle-ci a accéléré l’augmentation déjà prévue de la durée d’assurance requise pour avoir une pension à taux plein. Passée de 168 à 169 trimestres dès septembre dernier, elle passera à 172 trimestres à horizon 2027 (pour la génération 1965).
Fin du malus depuis décembre dernier
Bonne nouvelle cependant pour les salariés du secteur privé, le système de malus sur les retraites complémentaires a pris fin pour les pensions prenant effet à partir du 1er décembre dernier. Cette mesure n’était pas inscrite dans la réforme. Elle a cependant été actée par les syndicats et les organisations patronales gérant le régime Agirc-Arrco à l’automne dernier, lors d’une remise à plat de ses règles de pilotage.
Le malus réduisait de 10 % pendant trois ans la pension complémentaire des salariés qui décidaient de partir en retraite dès qu’ils remplissaient les conditions nécessaires pour avoir une pension à taux plein dans le régime général. Ce système pénalisant les personnes refusant de prolonger leur activité sera aussi supprimé pour les personnes déjà concernées et parties à la retraite avant avril 2024.
Mises à jour informatique
Loin de modifier seulement l’âge légal de départ et la durée d’assurance requise pour partir en retraite, la réforme a chamboulé de nombreuses règles sur les départs anticipés pour « carrières longues » , le cumul emploi-retraite, etc. Autant de dispositions qui peuvent être sources d’interrogations pour les assurés et supposent que les caisses de retraite répondent à l’appel.
« Globalement c’est positif, on est dans les temps au niveau de la mise en oeuvre de la réforme et pour l’instant il n’y a pas d’alerte majeure », indique Grégory Thomas, délégué syndical central de la CFTC pour la Caisse nationale d’assurance-vieillesse. Principal point de vigilance à ses yeux : « On a encore beaucoup de dossiers aujourd’hui qui ne rentrent pas dans nos outils informatiques (dits ‘en exclusion’) le temps que ces systèmes soient mis à jour. »
Sujets pointus
« Dans l’ensemble, cela va, il y a les réponses en temps et en heure », juge à propos des caisses de retraite, Valérie Batigne chez Sapiendo même si « c’est difficile de faire des généralités car il y a des centres plus ou moins encombrés ».
« C’est toujours compliqué, dès qu’on creuse sur les sujets un peu pointus, estime Emmanuel Grimaud, chez Maximis. Celui-ci explique être toujours confronté à des situations difficiles à débrouiller pour les personnes éligibles à des départs anticipés pour carrières longues.
Il se dit aussi en attente de réponses des gestionnaires du système de retraite sur la bonification de pension prévue pour les pères et mères ou encore le remboursement des rachats de trimestres. « Les caisses devraient pouvoir remettre à plat certains sujets grâce au moindre afflux de départ en retraite », anticipe-t-il cependant.