L’augmentation annuelle est un puissant levier de fidélisation des équipes. Et pourtant, cette année, le budget des augmentations a été fortement rogné. Cadres ou non, la paie médiane n’a progressé que de 0,6% alors qu’avant la crise du coronavirus, en 2019, les augmentations avaient atteint 2,8% pour les cadres et 2,4% pour les non-cadres, d’après l’enquête annuelle sur les salaires du cabinet de conseil Deloitte.
Près de 45% des titulaires n’ont pas connu d’évolution de leur salaire de base en 2021, et près de 30% ont vu leur salaire augmenter de moins de 2%. En cause, la crise du coronavirus. «Dans un contexte d’adaptation du monde du travail, les politiques salariales pratiquées par les entreprises en 2021 reflètent les tensions observées lors de la crise sanitaire de 2020. Bien que des tendances de reprise puissent être observées, avec des budgets d’augmentation salariale optimistes, les différents “stop & go” économiques provoqués par les vagues successives laissent transparaître une certaine prudence», met en avant le rapport publié par Deloitte.
En ce qui concerne la part variable des salaires, c’est-à-dire la somme des bonus, des commissions et des primes exceptionnelles, son évolution est hétérogène. Les montants versés sont notamment en augmentation « pour les premiers niveaux cadres et les cadres supérieurs » afin de compenser le gel salarial et de récompenser les efforts des talents clés dans une optique de fidélisation. Mais le montant de la part variable est en recul pour les cadres confirmés. Du côté des non-cadres, 49% ont reçu une rémunération variable, en hausse de 4% par rapport à l’année dernière mais encore très loin des niveaux d’avant-Covid. En 2019, ils n’étaient pas moins de 65% à en recevoir une.
L’écart de salaire entre l’Île-de-France et les autres régions françaises diminue
Les entreprises ont également moins eu recours à la prime «PEPA», un dispositif qui permet à l’employeur de verser au salarié une prime exceptionnelle. Seulement 18% des entreprises y ont eu recours cette année, soit un recul de 5% par rapport à 2020. Sa reconduction a été officialisée au 2ème trimestre de cette même année, ne laissant que peu de temps aux entreprises pour se saisir de ce dispositif fiscalement avantageux.
Cependant, l’évolution des augmentations devrait s’améliorer à partir de 2022. Les budgets d’augmentation prévisionnelle sont en effet de 1,8 % pour l’année prochaine. «La projection des budgets d’augmentations salariales sur les trois prochaines années prévoit un retour progressif aux budgets d’augmentations d’avant-crise sanitaire, sur fond de regain de croissance dès 2022. Il convient de mettre en exergue que les budgets d’augmentation prévisionnels sont en général très optimistes par rapport aux augmentations réelles perçues», décrit le rapport. Mais avec une inflation repartant à la hausse (1,9% sur un an en août), le pouvoir d’achat des salariés pourra être impacté malgré des augmentations de salaire.
Par ailleurs, l’écart de salaire entre l’Île-de-France et les autres régions françaises diminue. Il est de 5,2%, en recul de 0,8 point par rapport à 2020. Une diminution de cet écart qui pourrait s’accentuer dans les prochaines années, lié au télétravail et au départ de nombreux cadres parisiens en régions.
Enfin, l’écart salarial moyen entre les hommes et les femmes a augmenté de 0,3% par rapport à l’année dernière pour atteindre 3,7%. Un niveau proche de celui de 2017 (3,3%). «Cette seconde année blanche liée à la crise a impacté l’égalité professionnelle et a interrompu l’évolution progressive que l’on connaissait depuis plusieurs années», reconnaît le cabinet Deloitte.