Etre son propre patron présente un certain nombre d’avantages, mais ça ne rapporte pas forcément gros. Alors que la France comptait plus de 3 millions d’indépendants en 2019, plus d’un sur dix gagne moins de la moitié d’un SMIC annuel et vit sous le seuil de pauvreté, rapporte ce mercredi l’Insee.
Dans le détail, 27,1 % des indépendants sont considérés comme « gagnant très peu », c’est-à-dire qu’ils touchent des revenus d’activités annuels inférieurs à 50 % du SMIC net, calculés selon leur quotité de travail. Et ils sont quatre sur dix à avoir des revenus d’activités inférieurs à un SMIC net.
Tous ne sont pas pour autant pauvres, au sens statistique du terme, soit qu’ils bénéficient d’autres revenus par ailleurs (un cinquième des indépendants gagnant très peu touchent des allocations-chômage et 12 % une pension de retraite), soit que leur conjoint a des revenus plus élevés. Seuls 12 % des indépendants cumulent à la fois des faibles revenus et un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté. 6 % gagnent plus qu’un demi-SMIC mais vivent toutefois en dessous du seuil de pauvreté.
Les femmes et les jeunes particulièrement touchés
La répartition des indépendants en fonction de leur niveau de vie diffère beaucoup de celle des salariés : 13 % des indépendants font partie des 10 % des ménages les plus pauvres, contre 5 % des salariés.
La proportion des indépendants qui vivent sous le seuil de pauvreté est de 34 % chez les familles monoparentales contre 12 % chez les couples sans enfants. C’est plus que chez les salariés (respectivement 15 % et 3 %). Sans surprise, les femmes perçoivent des revenus moindres, puisqu’elles sont 30 % à gagner très peu contre 26 % des hommes.
Une part importante des moins de 30 ans et des plus de 65 ans ont aussi des revenus plus faibles (respectivement 35 % et 45 % dans ces classes d’âge), mais les plus âgés sont davantage protégés – seuls 11 % vivent sous le seuil de pauvreté – notamment parce que 85 % de ceux qui gagnent très peu touchent par ailleurs une pension de retraite et 22 % des seniors indépendants travaillent moins que l’équivalent d’un mi-temps.
Les professions libérales et les professions de la santé peu concernées
Le statut d’indépendant étant adopté dans de nombreux secteurs, il existe de fortes inégalités selon les différentes catégories socioprofessionnelles face à la pauvreté. Plus de la moitié des professionnels de l’information, des arts et du spectacle gagnent ainsi très peu, et plus d’un quart vivent sous le seuil de pauvreté. Ils ne représentent toutefois que 3 % de l’ensemble des indépendants en France.
Parmi les artisans et les commerçants, catégories qui représentent chacune près d’un quart des indépendants, environ un tiers des professionnels gagnent moins de la moitié d’un SMIC. Ils sont plus d’un cinquième à vivre sous le seuil de pauvreté. Chez les agriculteurs , ces proportions atteignent 38 % et 25 %, signe d’une grande précarité.
En revanche, les professions libérales et les professions intermédiaires de la santé et du travail social apparaissent comme les catégories d’indépendants les moins exposées à la pauvreté. Quelque 5 % des indépendants de ces secteurs vivent sous le seuil de pauvreté.
Des prestations sociales qui pèsent lourd dans le budget des indépendants
Face à la pauvreté qui touche un grand nombre d’indépendants, les prestations sociales apparaissent comme un secours important. Ainsi, 17,4 % des indépendants touchent le revenu de solidarité active (RSA) , la prime d’activité (PA) et/ou l’allocation adulte handicapé (AAH). Une proportion qui monte à 29 % pour les indépendants vivant sous le seuil de pauvreté.
Ces prestations représentent ainsi une part importante du revenu disponible des ménages, à savoir 17,7 % du revenu disponible des ménages pour l’ensemble des indépendants et 29 % du revenu disponible pour ceux qui vivent sous le seuil de pauvreté, soit davantage que chez les salariés (9,3 %). Si l’on ajoute les aides au logement et les prestations familiales, ces proportions passent à respectivement 14,5 % et 35,9 %, contre 12 % chez l’ensemble des salariés.