Cela ressemble à un pansement sur une jambe de bois, mais il s’agit malgré tout d’une bonne nouvelle sur le front économique. Selon les chiffres publiés ce vendredi matin par l’Insee, en effet, la chute du PIB a été moins forte qu’annoncé il y a quelques semaines .
Au cours des trois premiers mois, l’activité a reculé de 5,3 %, indique désormais l’Insee et non de 5,8 % comme annoncé fin avril. Cette révision « inhabituellement forte » de l’aveu même de l’Insee fait du premier trimestre de cette année le plus mauvais depuis le deuxième de 1968 (marqué par les événements de mai) et non plus depuis 1949.
Consommation et investissement en panne
Mais il s’agit là d’une bien maigre consolation qui ne peut pas faire oublier qu’ alors que la France engage la deuxième phase de son déconfinement , l’avenir reste incertain. Mettant le gouvernement au défi de trouver, si ce n’est la solution, tout du moins les mots pour inciter ménages et entreprises à aider à la relance de l’économie. A l’image de la ministre du Travail qui, interrogée sur Radio Classique avant que ne soient publiées les données de l’Insee, a appelé les Français à « ressortir » et « consommer » les 60 milliards d’euros « mis en épargne » pendant le confinement afin de « faire repartir » l’activité et « combattre » la crise économique et sociale.
Car en tout état de cause, le tableau, dressé par les statisticiens est particulièrement sombre, même si ce n’est qu’une demi-surprise. La consommation des ménages enregistre ainsi sur le trimestre « une baisse inédite (-5,6 % après +0,3 %) », tandis que l’investissement « diminue plus fortement encore (-10,5 % après +0,1 %) » et que le taux de marge des entreprises chute nettement (passant à 29,4 % après 33,5 % fin 2019).
Du côté des échanges commerciaux, « les importations chutent (-5,7 % après – 0,7 %), mais un peu moins fortement que les exportations qui se contractent de 6,1 % (après – 0,4 % au quatrième trimestre 2019) », précise encore l’Institut de la statistique.
Une baisse de revenus limitée grâce aux dispositifs de solidarité
Ces chiffres permettent aussi de mesurer les effets des contre-feux mis en place par l’exécutif afin de limiter, autant que faire se peut, les conséquences de la mise à l’arrêt de l’économie française et mondiale sur les entreprises et les ménages. Ainsi, « la baisse du pouvoir d’achat reste limitée (-0,4 % après +0,7 %) étant donné l’ampleur de la baisse de l’activité », explique l’Insee qui constate que le revenu disponible brut des ménages n’a baissé que « légèrement » (-0,1 % après +0,9 %).
Une relative bonne tenue qui montre que les mesures de compensation et de solidarité prises par l’exécutif ont globalement fonctionné. « La baisse de la valeur ajoutée produite par les entrepreneurs individuels est en partie compensée par les subventions du fonds de solidarité » tandis qu’avec le recours au chômage partiel qui concernait un tiers des salariés en avril , la forte diminution de la masse salariale reçue par les ménages (-1,8 % après +0,7 %) « est contrebalancée « par une forte accélération des prestations sociales en espèces (+2,8 % après +0,4 %) ».
Envolée de l’épargne des ménages
Ces données confirment aussi que dans un contexte anxiogène et dans l’impossibilité d’effectuer des achats, autres que ceux de première nécessité, les Français ont rempli leur bas de laine. Le taux d’épargne augmente fortement pour atteindre 19,6 % au cours du premier trimestre, contre 15,1 % au cours des trois derniers mois de 2019. La hausse est encore plus impressionnante pour le taux d’épargne financière. Celui-ci passe, d’un trimestre à l’autre, de 4,6 % à 10,4 %.
Enfin, les chiffres publiés par l’Insee mesurent aussi l’effet de la crise sur les comptes publics. Sans surprises ceux-ci se dégradent fortement. « Au premier trimestre 2020, le besoin de financement des administrations publiques augmente de 1,1 point, à 4,8 % du PIB après 3,7 % au quatrième trimestre 2019 », indiquent les statisticiens de l’Insee.