Des résultats en ligne avec les objectifs, malgré le coup d’arrêt lié la crise : c’est le bilan à mi-parcours que le ministère du Travail a dressé du grand plan de formation des chômeurs ou des jeunes éloignés de l’emploi, plus connu sous son acronyme de PIC – pour plan d’investissement dans les compétences. Avec un million de formations financées de 2018 à 2020, « le bilan est bon, voire très bon », a souligné lundi la haut-commissaire aux compétences, Carine Seiler. Toutes les parties prenantes, régions en premier chef, ont apprécié d’être associées. Mais pour le comité scientifique indépendant chargé d’évaluer le PIC, il est encore trop tôt pour crier victoire.
Promesse de campagne d’Emmanuel Macron dotée de 15 milliards d’euros, financé pour moitié par l’Etat et l’autre par les entreprises, le PIC est censé obéir à un triple objectif : rattraper le retard de la France en matière de formation des actifs pas ou peu qualifiés ; éviter les à-coups budgétaires grâce à un financement pluriannuel ; innover dans la pédagogie. Pour rappel, ce plan est censé ramener durablement dans l’emploi 300.000 personnes d’ici à la fin du quinquennat, soit une baisse de 1 point du taux de chômage structurel, défendait en 2017 l’un de ses artisans, l’économiste Jean Pisani-Ferry .
Cibles atteintes
Après une année 2018 d’amorçage, ce plan multi-facettes a véritablement démarré en 2019 une fois les conventions avec les régions signées (sauf AURA et PACA qui ont refusé, leur part du gâteau étant gérée par Pôle emploi). Pour quels résultats ? A fin 2020, le PIC a permis de financer la moitié des 2 millions de formations visées en plus de celles prises en charge par les régions sur le quinquennat. Pour le ministère, le reste du chemin sera atteint sans problème en 2021 et 2022.
Conséquence logique, le taux d’accès des chômeurs à la formation est passé d’un sur dix en 2015 à près d’un sur six l’année dernière. Les jeunes, les résidents de quartiers prioritaires de la ville ou les bénéficiaires du RSA en ont particulièrement profité. Ils ont été formés à des métiers parmi les plus recherchés par les entreprises, toujours selon la rue de Grenelle. Seul bémol affiché, les handicapés sont restés au bord de la route.
Chute du taux d’emploi
La crise est passée par là. Après avoir baissé, le taux d’abandon des formations se situe au-dessus de son niveau d’avant premier confinement. Le sentiment d’utilité des formations s’érode. Surtout, après avoir progressé d’un point et demi, le taux d’emploi six mois après une formation a chuté de près de sept points, à 50,8 %. Pour Carine Seiler, cette marche sera difficile à rattraper totalement d’ici à 2022, sans que cela remette en cause les fondements du PIC. « Le temps long est indispensable […] Ce n’est pas le moment de relâcher l’effort », a-t-elle insisté.
Du temps long, le comité scientifique indépendant chargé d’évaluer les effets du PIC en demande aussi. « Il est très difficile de déterminer ce qui relève du PIC ou non », estime sa vice-présidente, Carole Tuchszirer, sociologue et économiste au Centre d’études de l’emploi et du travail, pour laquelle il est « prématuré d’affirmer que le choc de transformation attendu est au rendez-vous ». Entre autres points, il s’agira de vérifier si, contrairement à ce qu’affirme le ministère, le Compte personnel de formation n’a pas aspiré une partie des formations pour chômeurs. Le comité est censé rendre une première évaluation en fin d’année.