Aucune hésitation. « Les données actuelles nous permettent de ne pas avoir d’états d’âme » sur la vaccination des adolescents , a affirmé ce jeudi la présidente de la Haute Autorité de santé (HAS), Dominique Le Guludec, lors de la conférence de presse de présentation de deux nouveaux avis rendus au gouvernement mercredi soir au soir.
Dans l’un de ces avis, la HAS préconise d’ouvrir « très rapidement » la vaccination aux 12-15 ans souffrant de comorbidités ou ayant dans leur entourage une personne vulnérable non-vaccinée ou immunodéprimée, via le vaccin Pfizer/BioNTech. Puis de l’étendre à tous les adolescents en bonne santé « dès lors que la campagne de vaccination de la population adulte sera considérée comme suffisamment avancée ».
La HAS avait déjà donné son feu vert à la vaccination des 16-17 ans. Le gouvernement l’avait jusqu’à présent réservée aux jeunes à risque de forme grave. Sachant qu’il y a environ 800.000 personnes par génération, ce sont près de 5 millions de 12-17 ans qui vont pouvoir se faire vacciner.
Une campagne « suffisamment avancée »
Avant même de s’être vu remettre l’avis, mercredi, le gouvernement en a tiré la conclusion que la vaccination pouvait être ouverte aux adolescents dès le 15 juin , la situation étant mûre avec la moitié des adultes désormais primo-vaccinés et l’objectif de 30 millions de premières injections en bonne voie pour le 15 juin.
La HAS a entretenu à dessein le flou sur ce qu’est une campagne vaccinale « suffisamment avancée », sa présidente considérant que « c’est le ministre qui déclenche les phases opérationnelles ». Elle voit apparemment cette accélération d’un bon oeil, même s’il n’y a plus d’ordres de passage, tel que les 16-17 ans d’abord, ou les malades chroniques d’abord.
« La préconisation de priorisation du début de campagne a quand même très bien fonctionné, a souligné Dominique Le Guludec. Maintenant, l’enjeu est différent : c’est d’obtenir la couverture vaccinale la plus importante possible ». Cela passe par deux démarches complémentaires, le « qualitatif », qui consiste à faire la démarche d’aller vers les personnes les plus éloignées du vaccin , et le « quantitatif », en vaccinant « la part la plus importante possible des plus de 12 ans ».
La menace du variant Delta
« S’il n’y avait aucun variant dans l’environnement, on aurait plus de temps », a également reconnu la présidente de la HAS. Mais l’arrivée du variant indien, plus contagieux, et un peu plus résistant aux anticorps créés par une première infection ou une vaccination, a créé une forme d’urgence. Il faut « éviter une quatrième vague », et faire en sorte que la rentrée scolaire et la reprise économique se passent bien, a-t-elle déclaré.
Selon les modélisations de l’Institut Pasteur, si la vaccination était réservée aux adultes, avec 90 % de couverture des plus de 60 ans et 50 % des 18-60 ans, « on pourrait observer un pic d’environ 2.000 hospitalisations quotidiennes » en relâchant complètement les mesures barrières. Si en plus le variant indien devenait dominant, couvrir 90 % des adultes ne permettrait même plus d’éviter une nouvelle vague épidémique.
Parvenir à une vaccination « homogène »
Vacciner la moitié des adolescents serait efficace pour parer un redémarrage de la circulation virale. Dans le dernier sondage Coviprev, 47 % des parents se disent d’accord pour faire vacciner leur enfant.
Cependant, plutôt que de mettre en avant un taux de vaccination, la HAS insiste sur l’intérêt d’une vaccination « homogène » sur le territoire et par groupes d’âge. Il faut résorber les réservoirs du virus. Et permettre aux adolescents de retrouver le chemin du collège ou du lycée, ainsi qu’une vie sociale diversifiée et épanouie.