Après Mon compte formation et TousAntiCovid, le gouvernement travaille à une troisième application mobile d’envergure nationale, signe de l’importance qu’elles ont pris dans le déploiement des politiques publiques. Encore en gestation, cette application ciblera les jeunes, plus particulièrement ceux destinés à bénéficier du futur revenu d’engagement pour les jeunes (REJ) promis par Emmanuel Macron lors de son allocution du 12 juillet .
« L’exécutif veut mettre le paquet sur l’appli comme il l’a fait avec celle du compte formation, citée en exemple par l’Elysée », confirme-t-on de source proche du dossier. Le dossier, effectivement remonté sur le haut de la pile, a été confié à Thibaut Guilluy, Haut-commissaire à l’emploi et à l’engagement des entreprises , sous la responsabilité de la ministre du Travail, Elisabeth Borne.
Masquer les logiques institutionnelles
Face aux tenants du RSA pour les moins de 26 ans, le gouvernement défend l’idée d’un accompagnement renforcé des jeunes pour les aider à s’insérer professionnellement, assorti le cas échéant d’une allocation de 500 euros , comme pour la Garantie jeunes, ou de 300 euros pour ceux qui sont rattachés à un foyer fiscal (première tranche d’impôt sur le revenu seulement). La cible ? Environ 1 million de jeunes qui n’ont ni emploi, ni étude, ni formation ou sont considérés comme travailleurs précaires.
L’une des difficultés du REJ consistera à coiffer les nombreux dispositifs d’aides existants, chacun avec son statut et son opérateur attitré ; la Garantie jeunes est par exemple gérée par les missions locales et l’accompagnement intensif des jeunes par Pôle emploi. C’est sur ce point que l’application peut jouer un rôle structurant « en masquant les logiques institutionnelles. Elle peut ainsi renvoyer une image plus unifiée et plus flatteuse du dispositif », explique-t-on, toujours de même source.
Fracture numérique
A la différence du CPF, basé sur une totale désintermédiation dans l’achat de formation, la future appli REJ reposera sur la relation du jeune avec son conseiller référent. Le travail n’est pas abouti mais on peut imaginer qu’elle oriente le jeune, l’aide dans son parcours de recherche de formation, stage ou travail, et lui permette bien sûr d’échanger avec son conseiller, ce dernier pouvant aussi surveiller si le contrat d’engagement est suivi d’effet.
A une époque où les applis mobiles font partie du quotidien, difficile d’imaginer que le futur REJ y échappe. A un bémol près tout de même : la spécificité du dispositif fait qu’il s’adresse à un public souvent victime de ce que l’on appelait jadis la fracture numérique. Même si à l’image d’Emmaüs Connect, de nombreuses associations les aident à s’équiper, son recours pourrait du coup rester facultatif.
Le président de l’Union nationale des missions locales, Stéphane Valli, voit cela d’un bon oeil. Tout moyen supplémentaire pour informer les jeunes est bon à prendre, défend-il, à condition que l’appli « reste un point d’accès parmi d’autres » pour ne pas exclure les plus marginalisés.