6.000 entreprises ont recours à l’activité partielle de longue durée

En France, plus de 6.000 sociétés, dont 60% de moins de 20 salariés, sont désormais couvertes par un accord d'activité partielle de longue durée. Mais l'arme anti-licenciements du gouvernement souhaite mettre davantage l'accent sur la formation, point faible du dispositif.


« Nous avons 420.000 salariés couverts dans 6.000 entreprises. Cela marche au-delà de ce qu’on avait imaginé », s’est réjouie vendredi la ministre du Travail Élisabeth Borne à l’occasion d’une visio-conférence avec des dirigeants de PME et de grands groupes engagés dans la démarche.

Lancé en juillet, l’APLD autorise une réduction du temps de travail jusqu’à 40% d’heures chômées en moyenne pendant six à 24 mois, sous condition d’un accord d’entreprise ou de branche, validé par l’administration et comprenant des engagements sur l’emploi et la formation.

Le salarié perçoit 70% de sa rémunération brute (84% nette) sur les heures chômées. L’entreprise a la garantie d’être indemnisée au moins à hauteur de 85% pendant la durée de l’accord – même si l’indemnisation du chômage partiel classique diminue pendant la période – voire à 100% tant que cela reste la règle pour les secteurs les plus touchés.

Constat unanime, l’APLD a atteint son objectif : limiter les suppressions d’emplois et garder les compétences dans les entreprises touchées par la crise tout en donnant un peu de visibilité aux salariés.

« Accélérateur de dialogue social »

Dans certains grands groupes industriels, l’APLD a été « un accélérateur de dialogue social » en focalisant les discussions sur la recherche de solutions sur l’emploi et l’employabilité plutôt que sur « le traumatisme d’un PSE » (plan de sauvegarde de l’emploi), juge Jérôme Leparoux, secrétaire général de Daher (équipementier aéronautique).

Premier groupe à avoir signé un accord dès juillet portant sur 6.000 emplois, le motoriste Safran estime que l’APLD lui a amené « une certaine sérénité » pour préparer l’avenir, selon son DRH Stéphane Dubois.

Chez Airbus, « l’APLD a permis d’identifier avec les partenaires sociaux les difficultés conjoncturelles et structurelles. On a pu préserver 1.500 emplois et cela a facilité la signature d’un accord majoritaire sur le PSE », pour son DRH Donald Fraty.

Chez Arc international, qui a vu son activité réduite à 50% par la fermeture des restaurants, « ce sont les syndicats qui sont venus nous voir quand on a compris qu’on aurait des mois de difficulté devant nous », a témoigné son DRH Stéphan Fertikh.

« Pas la tête aux formations »

Mais l’APLD est aussi utilisée par les PME, qui peuvent désormais s’appuyer sur 39 accords de branche. Dans la société vosgienne Bragard, qui fabrique des vêtements pour l’hôtellerie-restauration et a perdu 30% de son chiffre d’affaires en 2020, « on a échangé avec nos deux délégués syndicaux et l’APLD s’est révélé évident pour garder 100% des emplois sur les deux prochaines années », a rapporté sa DRH Alice-Laure Brondani.

Plusieurs de ces PME ont néanmoins regretté l’impossibilité dans un accord APLD « d’individualiser le temps de travail » parmi les salariés d’une même équipe alors que certains postes sont très spécifiques.

Certaines ont reconnu ne pas s’être investies beaucoup dans la formation, malgré la prise en charge à 100% des frais pédagogiques par le gouvernement pour les entreprises de moins de 300 salariés.

« Quand on ajuste l’activité mois par mois, c’est très difficile de prévoir des formations », témoigne Karine Plaza, DRH de Locaboat, spécialisée en croisières fluviales. Sandrine Ceccaldi, qui dirige l’hôtel Napoléon à Ajaccio, a négocié un accord de six mois avec ses onze salariés mais « a peu d’espace pour dégager du temps. C’est moi qui les forme si besoin ».

Au contraire, chez le plasturgiste Dedienne, sous-traitant dans l’aéronautique et l’automobile, « un tiers des effectifs ont pu faire des formations » pendant leur chômage partiel, l’entreprise complétant le salaire à 100% pour les salariés s’y engageant, a raconté son DRH Benjamin Verger.

Élisabeth Borne a dit comprendre que, « dans la crise, chacun n’ait pas la tête à élaborer un volet de formation dans les PME ». Pour les y inciter, le ministère du Travail va signer des conventions avec les Opérateurs de compétence – chargés d’accompagner les besoins de formation des PME dans leur secteur – pour qu’ils préparent des parcours plus qualitatifs.


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