Pourtant habituées aux crises, les associations d’aide alimentaire s’inquiètent d’une augmentation des besoins sur fond d’inflation. « Les banques alimentaires constatent depuis le début de l’année une augmentation du nombre de personnes ayant recours à l’aide alimentaire », alerte Laurence Champier, la directrice fédérale de la Fédération française des banques alimentaires.
L’organisation, qui mène à la fin de cette semaine une collecte nationale de dons, a vu le nombre de ses bénéficiaires augmenter de 9 % au premier semestre par rapport à la fin de l’année dernière. A la fin de cette année, elle estime qu’elle aura accompagné « entre 10 et 12 % » de personnes en plus qu’en 2021, année où elle avait déjà soutenu 2,2 millions de personnes.
10 millions d’euros pour les étudiants
« Il y a une augmentation des prix de l’alimentation est des coûts de l’énergie. Cela met en situation de précarité des personnes qui étaient peut-être à la limite [NDLR : en termes de budget] », poursuit Laurence Champier. « Il y a plus de gens et les gens viennent aussi plus. »
Son alerte fait écho à celle lancée ces derniers jours par l’association « Les Restos du coeur » . « On constate une augmentation de 12 % des personnes inscrites et accueillies depuis avril dernier », a déclaré son patron, Patrice Douret dans « Le Parisien ». Et celui-ci d’évoquer « une situation qu’on n’a jamais connue ».
Les associations doivent elles-mêmes faire face à un renchérissement de leurs achats. Face à cette situation inquiétante, le gouvernement a annoncé début novembre la création d’un « fonds pour une aide alimentaire durable » de 60 millions d’euros en 2023. Ce mardi, il a dit débloquer une enveloppe de 10 millions d’euros pour l’aide alimentaire aux étudiants. Une aide représentant « l’équivalent d’au moins 300.000 colis alimentaires permettant à un étudiant de se nourrir pendant une semaine », assure l’exécutif.
« Les plus pauvres des pauvres »
Selon l’Insee, entre 2 et 4 millions de personnes recouraient à l’aide alimentaire en 2021. Les profils des bénéficiaires varient selon le type d’aide fournie. Un peu plus de 70 % des personnes aidées se tournaient vers la distribution de colis et 30 % vers les épiceries sociales assurant des tarifs très bas. Toujours selon l’Insee, les bénéficiaires de colis et d’épiceries sociales sont pour 70 % des femmes dont près de 40 % élèvent seules un ou plusieurs enfants.
La plupart des bénéficiaires de l’aide alimentaire vivent en logement ordinaire (86 %) et bénéficient d’autres formes d’aide et notamment de prestations sociales. Les bénéficiaires sont souvent « les plus pauvres des pauvres », résume l’Insee, avec un niveau de vie de 637 euros par mois en moyenne, pour ceux vivant dans leur logement ou chez des proches.
L’institut précise aussi que près de la moitié des personnes ayant recours à l’aide alimentaire sont immigrées.