Apprentissage : le gouvernement passe l’oral avec mention

La mesure phare du plan porte sur l'augmentation jusqu'à 8.000 euros de la prime à l'embauche d'un jeune. Le gouvernement est prêt à débourser 1,5 milliard de plus pour cela. Mais l'exclusion des diplômes de Master ou d'ingénieur ne passe pas.


Futurs ouvriers du batiment, eleves en formation en brevet professionnel (BP) de Couvreur, avec leur professeur. Taille des ardoises, realisation d'une toiture contrat d'apprentissage en alternance en entreprise, education

Les acteurs impliqués dans l’apprentissage ont accueilli très favorablement le plan du gouvernement pour sauver cette forme d’enseignement par alternance présenté jeudi aux partenaires sociaux , première pierre d’une action plus globale pour l’emploi des jeunes. Ce qui n’empêche pas les intéressés, pour certains surpris qu’aucun document écrit n’ait été publié, d’attendre quelques confirmations ou de dénoncer l’exclusion des diplômes les plus élevés.

La mesure la plus importante porte sur l’augmentation de l’aide à l’embauche pour la première année de sorte qu’il n’en coûte rien ou presque pour l’employeur. Elle sera portée à 5.000 euros pour un mineur et 8.000 au-delà de 18 ans, jusqu’à la licence Pro et quels que soient les effectifs de l’entreprise. Le gouvernement fait là un effort substantiel puisque, selon nos informations, il est prêt à mettre 1,5 milliard d’euros de plus que s’il avait laissé la prime inchangée. Soit une facture totale de 2 milliards si, évidemment, l’objectif est atteint, à savoir conserver le même nombre de signatures de contrats d’apprentissage en 2020 qu’en 2019 ( environ 370.000 ).

Quelques bémols

Les autres mesures portent sur l’allongement de 3 à 6 mois de la période durant laquelle un jeune peut chercher un contrat, la promesse de leur en présenter au moins un et la possibilité de piocher dans l’aide au premier équipement pour acheter un ordinateur ou une tablette.

« Il fallait un soutien financier, c’est le nerf de la guerre », se félicite Roselyne Hubert, la présidente de la Fnadir, la Fédération nationale des associations régionales de directeurs de centres de formation d’apprentis (CFA). « Le message est positif et correspond à ce qu’on avait demandé : pas de coût la première année et pas de jeune abandonné », abonde Alain Griset, le président de l’U2P. « Tout cela va dans le bon sens, c’est évident », estime pour sa part Didier Kling, le vice-président du réseau des CCI en charge de la formation et de l’apprentissage.

Le plan devrait « permettre de sécuriser le recrutement des apprentis et de générer de nouvelles embauches essentielles à la reprise d’activité dans le secteur », a salué l’Association nationale des industries alimentaires et la Coopération agricole. Même satisfecit du côté de l’Association nationale des apprentis de France, l’Anaf, par la voix de son président Aurélien Cadiou.

Quelques bémols, toutefois. Christian Vabret, le président de CMA France (chambres de métiers et de l’artisanat), salue des annonces « généreuses », mais surtout pour l’embauche des apprentis majeurs. Pour les mineurs, « le différentiel est convenable (875 euros, NDLR) mais pas si énorme », pointe-t-il, rappelant qu’un apprenti coûte plus que son salaire, compte tenu du temps consacré à sa formation. Autre souhait : que les Régions puissent faciliter l’achat des ordinateurs vu que la mesure se fait à enveloppe inchangée.

Risque d’effet d’aubaine

Aurélien Cadiou, lui, ne remet pas en cause les montants. Seul regret, que cette promesse d’un « coût zéro pour la première année » ne soit accompagnée d’aucun engagement de qualité, avec le risque d’un effet d’aubaine. « On aurait pu conditionner l’aide à une formation, ne serait-ce que de 3 jours, du maître d’apprentissage », avance-t-il. Autre remarque, l’exclusion des formations de niveau Master ou ingénieurs lui paraît injustifiée au point que l’Anaf s’est associée à un collectif de grandes Ecoles, aux présidents d’Université et aux fédérations Syntec pour critiquer une « rupture d’égalité »« Pour les étudiants de l’enseignement supérieur, notamment ceux issus de milieux les moins favorisés, un contrat d’apprentissage est parfois indispensable au financement des études », rappelle ce collectif.

Les directeurs de CFA, eux, attendent que leur soient précisées les conditions de financement associées au passage de 3 à 6 mois. Roselyne Hubert ajoute une autre préoccupation : si les recrutements ne sont pas au rendez-vous malgré la hausse de la prime, nombre de centres pourront être en difficulté vu que la réforme Pénicaud de 2018 a lié leur modèle économique aux effectifs en contrat. « Il faudra un amortisseur financier », demande-t-elle.

Rejoignant une préoccupation de l’Anaf, les chambres de commerce et d’industrie pointent enfin un plan tout entier tourné vers les recrutements de nouveaux apprentis, mais qui ne sécurise pas ceux qui le sont déjà. Didier Kling estime que 10 % à 15 % des jeunes en contrat dans le réseau de CFA des CCI ont vu leur contrat rompu à cause de la crise, soit 10.000 à 15.000 cas. « Il va falloir s’en occuper aussi », pointe-t-il.


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