L’activité économique a beau faire du surplace, les entreprises continuent d’étoffer leurs effectifs avec une conséquence inattendue : les centres de formation d’apprentis (CFA) peinent à trouver des jeunes. Ils font face à la concurrence des embauches en CDD ou CDI, mieux payées, ont témoigné plusieurs directeurs d’établissements ce jeudi en marge d’une journée sur leurs modèles économiques organisée par leur fédération nationale, la Fnadir.
« J’ai 34 % de demandes de CV en plus, mais 17 % de jeunes en moins », a détaillé l’un d’eux situé dans les Hauts-de-France, ajoutant que les formations du niveau bac ou inférieur étaient particulièrement concernées. « Avec la reprise des embauches sur les premiers niveaux de qualification, il y a clairement une concurrence avec les contrats traditionnels », confirme le président de la Fnadir, Pascal Picault.
Très forte concurrence entre CFA
Si de l’avis général, le problème n’est pas nouveau, il a gagné en importance. A telle enseigne que certains employeurs vont même jusqu’à recruter en contrat classique leurs apprentis en première année quitte à ce qu’ils fassent une croix sur leurs diplômes. Face à cette situation, la Fédération préconise de conditionner une partie des primes à l’embauche à la présentation à l’examen final.
A cette recherche effrénée par les employeurs s’ajoute la très forte concurrence entre CFA depuis que la réforme de 2018 a libéralisé le secteur. C’est particulièrement notable dans le supérieur. « C’est vrai, il y a eu une illusion que sur certains métiers, si on ouvrait des sections d’apprentissage, on les remplirait », constate Jean-Philippe Audrain, l’un des vice-présidents de la Fnadir.
Si elle devait s’aggraver, cette situation hypothéquerait l’objectif fixé par Elisabeth Borne de passer de 730.000 contrats signés l’année dernière à 1 million d’ici à la fin du quinquennat. D’autant que les évolutions démographiques n’aident pas. L’un des viviers possibles pourrait être les lycées professionnels qu’Emmanuel Macron a promis de réformer en profondeur .