Assurance-chômage : la proposition choc du Medef pour éviter une nationalisation

L'organisation patronale remet au goût du jour une proposition de découpage du régime en trois étages, sur le modèle de celui des retraites complémentaires Agirc-Arcco. But affiché : bien séparer ce qui relève de la responsabilité de l'Etat et des partenaires sociaux et remettre les comptes dans le vert.


Un système hybride, à bout de souffle et déresponsabilisant pour les partenaires sociaux. Un système qui n’a fait qu’accumuler de la dette. Un système qui, réforme après réforme, voit s’accroître le contrôle de l’Etat. Invité ce jeudi par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, n’a pas fait dans la demi-mesure pour critiquer l’état de la gouvernance de l’assurance-chômage et a proposé un « big bang » pour revenir aux sources du régime crée il y a plus de soixante ans.

La prise de position du Medef n’est pas fortuite. Elle intervient alors que le gouvernement peine à mettre en oeuvre sa réforme des règles d’indemnisation et, surtout, alors que doit s’ouvrir sous peu une concertation avec l’exécutif. « Nous sommes prêts à démarrer le débat », a prévenu son numéro un, faisant remonter le problème à 2008 et à la fusion entre l’ANPE et l’Assedic.

« Le gouvernement Sarkozy voulait nationaliser l’ensemble du système. Les partenaires sociaux se sont défendus dans le désordre […] La loi de septembre 2018 a mis un coup de canif supplémentaire », a-t-il ajouté, mettant en avant la suppression de la cotisation chômage des salariés, remplacé par une partie de CSG.

Trois étages

La solution ? Pour le Medef, qui l’avait déjà en partie proposée, elle prend la forme d’une fusée à trois étages à même de bien séparer ce qui relève de la solidarité nationale, géré et financé par l’Etat, d’un régime assurantiel, géré et financé par les partenaires sociaux, et d’un service public de l’emploi, géré et financé par l’Etat. « Un système où chacun est responsable inspiré de ce qui fonctionne avec l’Agirc Arrco », le régime de retraite complémentaire, plaide l’organisation patronale.

Le premier étage, socle, reprendrait un tiers des dépenses de l’Unédic, celles relevant de la solidarité (ASS par exemple), les cotisations retraites, une contribution au budget de Pôle emploi pour couvrir une partie du coût de l’indemnisation des chômeurs, et la moitié des charges d’intérêts de la dette. Soit, au total, un peu plus de 17 milliards si l’on se base sur les chiffres d’avant crise, couverts par l’impôt.

Le deuxième étage, équilibré par la suppression de la garantie de l’Etat d’ici à cinq ans, mobiliserait 25 milliards de cotisations sociales en face de 25 milliards de dépenses, essentiellement liées aux allocations versées. Sans en faire un point central, le Medef suggère de réintroduire une dose de cotisation salariée, à rémunération nette constante, de sorte de retrouver un « étage complémentaire chimiquement pur sur le plan paritaire », dixit Geoffroy Roux de Bézieux.

Un nouvel organisme ad hoc

Ce faisant, l’Etat couvrira le reste du budget de Pôle emploi – c’est le 3e étage – à hauteur de 85 % de son budget, renversant la situation actuelle. « C’est logique car Pôle emploi travaille pour tout le monde… Il n’y a aucune raison qu’un système assurantiel qui le finance à 80 % », a-t-il ajouté.

Pour bien fonctionner, tout cela doit passer par une bonne articulation entre les 2 premiers étages que le Medef imagine de confier à un nouvel organisme ad hoc. Cela suppose aussi que le fardeau de la dette, qui s’est accru avec la crise , soit partagé. En partant de son niveau attendu au 1er janvier 2022, soit 64,2 milliards, l’organisation patronale met sur la table la répartition suivante : les deux-tiers repris par l’Etat, le solde par le régime assurantiel.

L’esprit de 1958

Comme un « big bang » ne va pas sans dose de communication, le Medef propose de renommer l’Unédic en Association de gestion interprofessionnelle pour l’emploi (Agile). « C’est aussi la volonté de retrouver l’esprit qui prévalait lors de la création de l’Unédic en 1958, un régime strictement paritaire, autonome, indépendant et responsable », s’est défendu Geoffroy Roux de Bézieux.


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