Les syndicats viennent de recevoir un soutien inattendu dans leur combat contre la réforme de l’assurance-chômage : celui de Muriel Pénicaud. L’ancienne ministre du Travail, qui vient de sortir un livre, est revenue sur la réforme de l’Assurance-chômage qui va s’appliquer à compter du 1er juillet . Celle qui a quitté le gouvernement pas forcément à sa demande l’été dernier a rappelé mercredi soir sur Paris Première que la réforme avait été « mise en route par [elle] dans le gouvernement d’Edouard Philippe dans un contexte qui était très différent : baisse du chômage, 450.000 créations d’emploi en 2019 ».
Elle a souligné que le système d’assurance doit être « incitatif à retourner à l’emploi » mais, a-t-elle insisté, « il y a un contexte, quand on est en pleine croissance et qu’on s’approche du plein-emploi [et] ce n’est pas le même contexte que quand on a une crise comme là aujourd’hui où il y a beaucoup d’incertitudes ». Jeudi matin, sur RTL, celle qui est désormais représentante permanente de la France à l’OCDE s’est faite plus précise. « Je ne commente pas l’action du gouvernement, mais il faut continuer à discuter car il faut vraiment une réforme adaptée au contexte », a-t-elle affirmé.
« Un coup de dé »
Ce n’est pas la première fois qu’ un membre de l’ancienne équipe gouvernementale prend une telle position . Aussitôt connus les aménagements à la réforme décidée en 2019, le directeur de cabinet de Muriel Pénicaud au ministère, Antoine Foucher, avait jugé que les mesures annoncées « s’apparente [nt] à un coup de dé, car […] personne ne sait à quoi ressemblera le marché du travail après l’épidémie de Covid-19 ».
Mais le poids de la critique est cette fois renforcé par le fait que c’est celle qui l’a précédée elle-même qui savonne ainsi la planche d’Elisabeth Borne. D’autant que l’appel de Muriel Pénicaud à poursuivre la discussion « avec les partenaires sociaux » intervient alors que la concertation est considérée comme définitivement close par le gouvernement.
Réforme fragilisée
Cette prise de position contribue à fragiliser politiquement une réforme dénoncée comme injuste, exemples à l’appui , par les syndicats et déjà mise à mal par le couac sur les personnes ayant été en chômage partiel, congé maternité ou maladie . L’Unédic a pointé le risque d’illégalité de la solution trouvée par le ministère du Travail dans un décret rectificatif.
Cette alerte vient renforcer le risque juridique couru par le gouvernement alors que la CGT, la CFDT, FO et la CFE-CGC se sont coordonnées pour déposer ce vendredi chacun un recours contre la réforme de l’Assurance-chômage devant le Conseil d’Etat.
Obtenir la suspension du décret
Les quatre recours ont pour objectif dans un premier temps d’obtenir la suspension du décret du 31 mars et empêcher ainsi l’entrée en vigueur de la réforme le 1er juillet, avant un jugement au fond dont les syndicats espèrent qu’il annule a minima l’un des piliers de la réforme : la révision de la formule du salaire journalier de référence (SJR) qui sert de base au calcul de l’allocation.
Ce ne serait pas la première fois. La CGT a déjà obtenu de la plus haute juridiction administrative l’annulation de la règle de calcul du SJR contenue dans la version initiale de la réforme car jugée discriminatoire.