L’année 2022 doit marquer la fin du « quoi qu’il en coûte ». Mais elle ne signifiera pas le retour à une frugalité totale pour les comptes publics. De nombreuses hausses de dépenses sont d’ores et déjà prévues pour l’an prochain, du fait de plusieurs lois de programmations concernant des ministères importants. Bercy aura donc bien du mal à freiner la hausse des dépenses publiques « ordinaires » hors Covid , qui représente 41 milliards d’euros selon le calcul récent du Haut conseil des finances publiques .
· Le budget militaire s’étoffe encore
La tribune récente de soldats anonymes a refait naître des interrogations sur un possible malaise entre le pouvoir en place et les soldats . Pourtant ceux-ci sont particulièrement bien traités depuis le début du quinquennat, du point de vue budgétaire. La loi de programmation militaire votée fin 2018 a déjà fait passer les moyens alloués à l’armée de 32,4 milliards en 2017 à 39,2 milliards en 2021. Cela devrait continuer en 2022, avec une nouvelle marche de 1,7 milliard.
L’effort le plus compliqué est toutefois renvoyé à la prochaine équipe gouvernementale, avec notamment une augmentation prévue de 3 milliards pour 2023. La suite pour 2024 et 2025 – normalement du même ordre de grandeur – doit encore être confirmée.
· La justice et la sécurité choyées
Depuis plusieurs mois, le gouvernement cherche à montrer des muscles en matière régalienne. Cela passe notamment par des moyens supplémentaires pour les missions Justice et sécurité. Le budget de la première est censé passer à 8,3 milliards l’an prochain selon la loi de programmation votée il y a deux ans, soit une hausse de 300 millions, et ce en sus d’éventuelles rallonges.
A côté, la mission Sécurité doit continuer à bénéficier de la hausse prévue des effectifs, censés s’étoffer de 10.000 postes entre 2018 et 2022 (7.500 dans la police, 2.500 dans la gendarmerie). Cela s’ajoute à des protocoles salariaux signés en 2016 et 2018, qui « auront entraîné un surcoût de 713,8 millions d’euros » en cumulé en 2022 selon un rapport récent de la Cour des comptes, qui y voit une « dégradation de la soutenabilité de la dépense publique ».
· Montée en puissance pour la recherche
Longuement débattue, la loi de programmation pour la recherche votée en 2020 commence à faire sentir ses effets budgétaires. Ainsi celle-ci prévoit une nouvelle hausse des moyens de 548 millions d’euros en 2022, soit un total de 905 millions depuis 2020. Sur dix ans, la hausse prévue à partir de 2021 est de 5,105 milliards d’euros.
· Les effets persistants du « Ségur de la santé »
Avalisé à l’été 2020, quelques semaines après les applaudissements nourris aux balcons en l’honneur des soignants, le « Ségur de la santé » promet d’avoir des effets durables sur les comptes publics. Il y aura bien entendu un plan d’investissement massif de 19 milliards d’euros, qui devrait peser sur les comptes pendant quelques années. Mais surtout la revalorisation des salaires des personnels soignants constitue une dépense pérenne pour les comptes publics. En 2021, cela a représenté 6,3 milliards d’euros, après 1,4 milliard en 2020, soit 7,7 milliards au total. Une dernière marche est prévue en 2022, qui devrait faire passer ce niveau à plus de 8,2 milliards.