Carburants : les pistes du gouvernement pour adoucir la fin des ristournes

La ristourne de l'Etat sur les prix à la pompe passe de 30 centimes à 10 centimes par litre. La mesure coûtera 7,6 milliards en 2022. L'exécutif promet un dispositif plus ciblé pour la remplacer, sans doute centré sur la moitié des ménages les plus modestes. Mais avec une enveloppe budgétaire moindre que celle envisagée l'été dernier.


Vannes, France, July 28, 2022 : Fill up at a TotalEnergies service station in France

Quand il était à Bercy et qu’il devait défendre son bilan en matière de pouvoir d’achat, Gérald Darmanin avait coutume de citer sa grand-mère pour expliquer l’insatisfaction des Français malgré des mesures coûteuses : « bouchée avalée n’a plus de goût ». L’actuelle équipe gouvernementale va rapidement voir si l’adage vaut toujours.

L’Etat s’engage sur une voie périlleuse politiquement avec la fin progressive de sa ristourne sur les prix à la pompe, qui pourraient rapidement repasser la barre des 2 euros le litre en moyenne. De quoi échauffer les esprits, alors que le dispositif plus ciblé pour les « gros rouleurs » qui doit prendre le relais reste flou et s’annonce un peu moins généreux que celui esquissé l’été dernier.

Economie pour l’automobiliste

Cette journée marque la fin de la ristourne de 30 centimes par litre de carburant démarrée le 1er septembre . Elle ne sera plus que de 10 centimes désormais, avant sa suppression totale au 31 décembre. Le calendrier est le même pour la remise financée par TotalEnergies dans ses stations, qui passe, elle, de 20 à 10 centimes avant sa disparition fin 2022. Une première ristourne de 18 centimes financée par l’Etat avait été appliquée d’avril à août.

« Ce dispositif aura permis sur toute l’année 2022 une économie moyenne pour l’automobiliste français de 120 euros, à laquelle s’ajoute une économie de 40 euros avec la ristourne de Total », a assuré ce mardi à l’Assemblée nationale Gabriel Attal. Le ministre délégué des Comptes publics a toutefois rappelé que cette mesure « a toujours eu vocation à être limitée dans le temps », car « derrière l’automobiliste qui fait le plein, il y a un contribuable ».

De fait, la mesure s’est avérée extrêmement coûteuse. Pour l’ensemble de l’année 2022, le montant avancé est de 7,6 milliards d’euros. Soit quasiment celui dépensé pour financer le bouclier tarifaire sur le prix du gaz. Au total, l’Etat a mis sur la table 110 milliards d’euros entre 2021 et 2023 pour amortir les effets de la crise énergétique.

Dispositif ciblé

Si la ristourne disparaît progressivement, Bercy promet depuis plusieurs semaines un dispositif plus ciblé, censé prendre le relais début 2023. Soit peu ou prou un nouveau chèque, même si la majorité se détourne d’un terme qui sent le soufre politiquement. « Les Français sont de plus en plus irrités par cette idée de chèques, il y en a beaucoup qui ont l’impression de ne jamais y avoir droit. Nous voulons un dispositif ciblé qui aide ceux qui travaillent », souligne un conseiller ministériel.

Depuis quelques jours, Gabriel Attal martèle ainsi que le dispositif « gros rouleurs » en préparation sera en réalité un dispositif « gros bosseurs » pour « accompagner les Français qui ont besoin de leur voiture pour avoir des revenus d’activité ». Il s’agit en réalité d’un remake de la mesure déjà annoncée cet été, et qui avait été finalement abandonnée au profit de la fameuse ristourne de 30 centimes exigée et obtenue par la droite.

Enveloppe moins généreuse

Mais ce premier rendez-vous manqué avait au moins permis de mettre en place une structure technique qui sera reprise pour le futur dispositif « gros bosseurs » : un site Internet de la Direction générale des finances publiques (DGFiP) est déjà prévu, qui permettra de recevoir en quelques jours une aide après avoir renseigné son niveau de revenus et son numéro de carte grise.

« Nous avons la philosophie, la tuyauterie et l’enveloppe budgétaire, il reste maintenant à dire pour qui et combien », décrypte un conseiller ministériel. De fait, des arbitrages sont encore attendus pour savoir quelle sera la population concernée, alors que Gabriel Attal a évoqué 11 millions de foyers relevant des « catégories populaires et des classes moyennes ». Selon des sources à Bercy, cela pourrait concerner les 50 % de Français les moins riches (les 5 premiers déciles de revenus), soit ceux ayant un revenu fiscal de référence de 14.100 euros par part au maximum. Il faudra aussi déterminer si un bonus sera attribué à ceux roulant le plus.

Cet été, la première mouture du dispositif « gros rouleurs » prévoyait des primes comprises entre 100 et 300 euros pour ces bénéficiaires . Mais de tels montants sont-ils encore possibles pour le futur mécanisme ? L’exécutif a cette fois prévu une enveloppe budgétaire de 1,6 milliard, soit 20 % de moins que celle de 2 milliards provisionnée l’été dernier pour la première mouture du dispositif. « Avec la ristourne de 30 centimes, nous avons montré que nous n’étions pas dans une logique du moins-disant pour protéger les Français », se défend-on à Bercy.


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