Chez Esso, le conflit se poursuit malgré un accord et de possibles réquisitions

La CGT et FO poursuivent leur mouvement à Notre-Dame-de-Gravenchon et à Fos-sur-Mer. Un accord salarial a pourtant été signé par la CFDT et la CFE-CGC, majoritaires dans la société.


Petrochemical and refinery plants operated by Exxon Mobil are pictured. Refinery workers stepped up strikes that threaten to paralyse France weeks ahead of the Euro 2016 tournament as the government moved to break their blockades, escalating a three-month tug-of-war over labour reforms. Notre Dame de Gravenchon, France - 25/05/2016//ZIHNIOGLUKAMIL_2211.02/Credit:ZIHNIOGLU KAMIL/SIPA/1605251751

Chez Esso, les positions se rapprochaient et la direction se montrait confiante sur un accord définitif, ce mardi. L’annonce par Elisabeth Borne des réquisitions dans les deux raffineries concernées par la grève a donc surpris, même si Esso exprimait sa volonté de «redémarrer au plus vite». Mardi, le gouvernement se félicitait d’ailleurs d’une reprise de l’activité, dans l’après-midi, au dépôt de Port-Jérôme: les réquisitions ne seront peut-être pas nécessaires et pourraient ne rester que des menaces, au moins sur ce site.

Lundi soir, la direction du groupe pétrolier avait convaincu un autre syndicat, la CFDT, de signer son protocole d’accord sur les salaires. Celle-ci rejoignait ainsi la CFE-CGC, déjà signataire. A elles deux, ces organisations représentent 58% des salariés de la filiale française d’ExxonMobil.

L’accord n’a toutefois pas mis fin à la grève dans les deux raffineries françaises d’ExxonMobil, à Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine Maritime) et à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). La CGT et FO continuent en effet de rejeter les propositions et ont décidé de prolonger le mouvement.

L’unité syndicale rompue

La direction avait proposé une augmentation de 6,5% en moyenne sur les salaires en 2023, portant l’ensemble des augmentations à 10,7% sur deux ans, et une prime de partage de la valeur de 3.000 euros – elle était de 1.000 euros l’an dernier. Dans les négociations de ces derniers jours, elle a ajouté une aide ponctuelle à la mobilité et aux transports de 750 euros brut.

Ces propositions ne satisfont pas la CGT, qui s’est étonné de la signature de la CFDT, laquelle s’était «pourtant positionnée deux fois non signataire et sans que l’accord n’ait été rouvert.» Le syndicat demande une augmentation globale de 7,5% car la proposition de la direction comprendrait en fait des primes d’ancienneté et de promotion. «Ceux qui n’auront pas de promotion, pas d’ancienneté, n’auront réellement que 5,5 % d’augmentation sur leurs salaires», a fait savoir le délégué syndical central CGT, Christophe Aubert.

Des grévistes minoritaires

Selon la direction d’Esso, le personnel en grève est nettement minoritaire. Mardi matin, elle dénombrait onze opérateurs grévistes à Fos-sur-Mer et 20 à Notre-Dame-de-Gravenchon. La CGT indique de son côté qu’à Fos-sur-Mer, ce sont 15% des 280 employés du site qui sont en grève. Mais la mobilisation est presque générale chez les opérateurs, essentiels à la reprise de la raffinerie. Des incidents ont eu lieu dans la journée entre personnels grévistes et non grévistes.

La CGT a aussi utilisé les réseaux sociaux pour apporter des précisions sur les salaires. Alors que Total Energies avait mis le feu aux poudres en révélant la rémunération de ses salariés , la CGT d’ExxonMobil a publié la fiche de paie d’un «opérateur posté confirmé» sur Twitter. Celui-ci touche un salaire net de 2.243 euros par mois, qui atteint 2.542 euros en incluant les primes de pénibilité. Elle a enfin condamné les réquisitions qui «bafouent» selon elle le «droit constitutionnel des travailleurs en lutte».


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