Coronavirus : Bercy ne voit pas la dette refluer avant 2025

Dans ses prévisions de croissance sur les cinq prochaines années, le gouvernement table sur le retour en 2024 au niveau d'activité que la France aurait eu sans la pandémie de Covid-19. L'inflation restera faible longtemps et la dette publique ne baissera pas avant 2025.


On en sait un peu plus sur les prévisions du gouvernement sur la reprise de l’activité. Dans les annexes du projet de budget de la Sécurité sociale pour 2021, l’exécutif donne ses attentes en matière de croissance sur les prochaines années. Après la récession de cette année puis le fort rebond de 8 % du PIB espéré l’an prochain , la croissance serait encore soutenue l’année suivante : elle attendrait 3,5 % en 2022.

Bercy a l’espoir que, courant 2022, le PIB revienne à son niveau de la fin 2019, c’est-à-dire d’avant la pandémie. Ensuite, de façon logique, la croissance retomberait peu à peu à son rythme de croisière. Elle serait de 2 % en 2023 et de 1,4 % en 2024.

Rien de particulièrement surprenant dans ces prévisions, mis à part la forte croissance de l’an prochain que le Haut Conseil des finances publiques, en début de semaine, a qualifié de « volontariste »« Le gouvernement fait l’hypothèse qu’en 2024, la France devrait retrouver le niveau d’activité qu’elle aurait eu sans la crise. En cinq ans, nous aurions donc effacé les conséquences de la crise », pointe Eric Heyer, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Un calcul établi sur la base d’un taux de croissance modeste, qui aurait été légèrement supérieur à 1 % par an sur toute la période.

Autre hypothèse implicite, à horizon cinq ans, la crise n’aurait que peu d’impact sur la croissance potentielle, grâce notamment à la mise en place du plan de relance. Là encore, c’est possible, même si la plupart des crises laissent des cicatrices sur le tissu productif avec la hausse du chômage et les faillites d’entreprises.

La faible inflation va durer

En revanche, la France, tout comme ses voisins européens, va devoir affronter une difficulté : l’inflation va rester franchement basse et même disparaître à court terme. L’indice des prix à la consommation, hors tabac, ne progresserait que de 0,2 % cette année puis remonterait très doucement, à 0,6 % en 2021, 1 % en 2022 et 1,4 % en 2023. En septembre, l’indice des prix à la consommation n’a progressé que 0,1 % sur un an dans l’Hexagone, a indiqué ce mercredi, l’Insee.

Dans la zone euro, l’absence d’inflation devrait aussi durer. Selon les économistes de S & P Global Ratings, elle ne serait que de 1,4 % dans l’union monétaire en 2023, encore loin de l’objectif de la Banque centrale européenne qui est d’atteindre une inflation inférieure mais proche de 2 % dans la zone euro.

Risque de déflation

En Allemagne, où la TVA a été réduite jusqu’à la fin de l’année pour inciter les ménages à consommer, les prix ont même baissé de 0,2 % sur un an et en Italie, la chute est plus impressionnante puisqu’elle atteint 0,5 %. Les cours du pétrole au plus bas et l’appréciation de l’euro participent à cette faiblesse de l’inflation mais n’en sont pas les seuls moteurs.

La principale explication, c’est que la crise a, au moins à court terme, un effet déflationniste. La perte d’activité conduit à une hausse du chômage, ce qui pèse sur les salaires, la consommation et donc les prix. Certes, les économistes de la banque HSBC pensent que « le soutien à l’activité a entraîné une augmentation substantielle de la dette publique et des bilans des banques centrales, ce qui entraînera une dose d’austérité budgétaire sans quoi le risque d’inflation s’en trouvera accru à long terme ». Possible mais pour l’instant, on ne voit pas l’inflation pointer au coin de la rue .

Voilà qui ne va pas faciliter l’assainissement des finances publiques au cours des prochaines années, notamment en France. La faible inflation relance peut-être à court terme la consommation, qui a grimpé de 2,3 % en août, mais elle pèse aussi sur les recettes fiscales.

En début de semaine, le ministre des Finances, Bruno Le Maire, a martelé que la dette publique « sera remboursée en partie par la croissance ». Mais pas à court terme. Dans les documents annexés au projet de loi de financement de la Sécurité sociale, le gouvernement écrit vouloir « stabiliser le ratio d’endettement public à horizon 2025 autour de 117 % puis amorcer sa décrue ». La dette publique ne baissera donc pas dans les cinq prochaines années.


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