Coronavirus : en France, la hausse des décès a été deux fois plus forte chez les immigrés

En mars-avril, la mortalité a crû de 22 % chez les personnes nées en France, et de 48 % chez celles nées à l'étranger, selon l'Insee. Ces dernières se concentrent en Ile-de-France, avec des logements plus exigus et plus de recours aux transports en commun.


Des passants deambulent sur le marche en face du 17, avenue Paul Vaillant-Couturier. Trois personnes, une femme et deux enfants dont un bebe, sont mortes dans la nuit de lundi a mardi dans l'incendie d'un immeuble, avenue Paul Vaillant-Couturier a La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Deux personnes ont ete gravement blessees en se defenestrant et une douzaine d'autres, legerement intoxiquees, ont ete conduites a l'hopital. Le feu a demarre dans le bas de la cage d'escalier de l'immeuble ou du materiel, poussettes et cartons, etait entrepose. La Courneuve, France - 02/10/2007

Nous ne sommes pas tous égaux devant le coronavirus. L’âge ou les maladies chroniques, par exemple, sont des facteurs de risque mortel. Une étude de l’Insee publiée ce mardi matin met en lumière d’autres inégalités, liées à l’origine et au territoire, donc à la condition sociale. Pendant les deux mois de surmortalité liée à l’épidémie de coronavirus en mars-avril , les décès ont deux fois plus augmenté chez les personnes nées à l’étranger que chez celles nées en France par rapport à la même période de 2019, écrit l’Institut national de la statistique.

Sur la période, cette hausse de la mortalité a atteint 48 % pour les immigrés, contre 22 % pour les gens nés en France. L’écart est encore plus grand lorsque l’on écarte les personnes originaires d’autres pays d’Europe ou d’Amérique, qui ont connu des courbes similaires à celle des natifs de l’Hexagone. Les décès ont en effet crû de 54 % pour les personnes nées au Maghreb (8.300), de 91 % pour l’Asie (1.600), de 114 % pour l’Afrique noire (2.000).

Une concentration en Ile-de-France

L’Insee avance quelques pistes de réflexion. D’abord, ces immigrés « résident plus souvent en Ile-de-France, région de loin la plus fortement touchée par la Covid-19 », avec des décès en hausse de 92 %. Or la moitié des personnes nées en Afrique noire ou en Asie vivant en France y habitent, et un tiers de celles nées au Maghreb.

Dans le département martyr de la Seine-Saint-Denis, où la mortalité a crû de 127 % en mars-avril, l’écart subsiste entre les deux types de population, mais la mortalité est très élevée pour tous : +95 % chez les personnes nées en France, contre +191 % nés au Maghreb et +368 % nés en Afrique noire. D’où l’intérêt pour les autorités de santé des opérations de dépistage de rue menées dans la petite couronne parisienne, voire de politiques de prévention « communautaire ».

Logements exigus

L’une des caractéristiques de ce département, et de l’Ile-de-France, est qu’ils sont densément peuplés. Un facteur de risque, pour un virus respiratoire extrêmement contagieux par voie aérienne.

De plus, l’Insee note que les personnes nées à l’étranger ont en moyenne des logements plus exigus : 1,3 pièce par occupant pour les natifs d’Afrique noire et d’Asie, 1,6 pour ceux du Maghreb, contre 1,8 pour l’ensemble des habitants. Et elles utilisent davantage les transports en commun pour se rendre au travail : c’est le cas de la moitié des personnes originaires d’Afrique noire, contre 15 % dans l’ensemble de la population.

Enfin, les immigrés sont surreprésentés parmi les « travailleurs clés » qui ont fait tourner le pays pendant le confinement, aides-soignants, conducteurs de métro, pompiers, caissiers, livreurs, etc. : 14-15 % pour les personnes nées en Afrique, 12 % pour celles nées en Asie, contre 11 % pour celles nées en France.

Plus de personnes jeunes touchées

S’ils cumulent de nombreux facteurs de risque liés à leurs conditions de vie, les immigrés sont globalement plus jeunes, ce qui est susceptible de les prémunir contre les formes graves du virus. Néanmoins, l’Insee relève que « parmi les personnes nées à l’étranger hors Europe, le nombre de décès de personnes de moins de 65 ans a fortement augmenté » (30 % Maghreb, 96 % Afrique noire), alors qu’il n’a crû que de 3 % pour celles nées en France. La surmortalité des jeunes immigrés est une exception.

« D’autres facteurs comme l’état de santé ou l’accès aux soins, non abordés dans cette étude, ont aussi pu contribuer aux écarts observés », conclut l’Insee. Entre autres bases de données, la cartographie des facteurs de risque, des pathologies et de l’offre de soins présentée par l’ Observatoire régional de santé d’Ile-de-France est à cet égard riche d’enseignements.


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