Coronavirus : la France plaide pour un fonds de sauvetage européen financé par de la dette

Pour répondre à la crise économique d'une ampleur inédite, la France entend proposer la création d'un fonds de sauvetage européen, qui serait financé par de la dette commune pour une durée limitée à cinq ou dix ans. Une alternative aux "coronabonds", ces obligations communes à toute l'Union européenne, qui peinent à faire consensus.


Quel outil commun à l’échelle européenne pour répondre à la crise ? Alors que le débat autour des “coronabonds” divise les pays du nord et du sud du Vieux Continent, la France envisage une autre alternative. Dans une interview accordée au Financial Times, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a indiqué que la France allait proposer le lancement d’un fonds de sauvetage européen, qui serait financé par de la dette commune pour une durée limitée à cinq ou dix ans.

“Nous réfléchissons à un fonds qui serait limité dans le temps avec une possibilité d’endettement comme réponse de long terme à la crise”, a déclaré le ministre français au quotidien économique. “Une solution pourrait être d’avoir un fonds pour disons cinq ou dix ans – limité dans le temps – avec la possibilité d’avoir de la dette commune mais seulement dans le cadre de ce fonds. Ce pourrait être plus acceptable pour d’autres pays”, a-t-il ajouté.

Les “coronabonds” divisent

Ses propos ont été confirmés par Bercy. La semaine dernière, neuf pays européens, dont la France et l’Italie, avaient appelé à lancer des obligations communes à toute l’Union européenne pour faire face au coronavirus. Un outil surnommé “coronabonds”. Le principal avantage d’un tel instrument financier est de mutualiser la dette et d’empêcher la spéculation sur les Etats en difficulté, dont les taux d’intérêts des obligations sont beaucoup plus élevés.

Cette proposition a mis une pression sur l’Allemagne, qui refuse toute mutualisation des dettes dans la zone euro, mais s’est déclarée “prête” à “faire jouer la solidarité européenne”. Le principal écueil évoqué par l’Allemagne, qui redoute un certain laxisme budgétaire, est l’aléas moral.

Un fonds en dehors du budget pluriannuel

M. Le Maire a précisé au Financial Times que “s’il était difficile pour de nombreux Etats membres d’envisager de faire un emprunt commun” dans le cadre du budget pluriannuel de l’UE, il fallait le faire en dehors de ce cadre et pour une période limitée dans le temps. Selon un responsable français cité par le quotidien, le fonds proposé par la France pourrait “compléter” le budget de l’UE et serait géré comme lui par la Commission européenne et non par le Mécanisme européen de stabilité (MES).

Ce dernier est doté d’une force de frappe de 410 milliards d’euros et peut fournir des prêts à taux bonifiés aux Etats dans le besoin, mais ils ont jusqu’ici toujours été assortis de conditions précises, comme d’entreprendre des réformes du marché du travail, ou d’objectifs budgétaires. La Commission a la réputation d’être plus souple et ne lie pas ses prêts à ce genre de conditions.

L’Italie est non seulement le pays qui affiche le plus de décès au monde dus au Covid-19 mais c’est aussi le deuxième plus endetté (130% du PIB) de la zone euro, derrière la Grèce.


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