Le coup est rude pour les entreprises françaises de l’hôtellerie et de la restauration. Les nouvelles restrictions annoncées mercredi soir par Olivier Véran , le ministre de la Santé, auront pour elles des conséquences économiques importantes. La fermeture des bars à 22 heures dans plusieurs grandes métropoles touchées par la résurgence de l’épidémie de Covid-19, et même la fermeture complète des restaurants à Marseille et en Guadeloupe, celle des salles de sport et la limitation des regroupements inquiètent les patrons.
« C’est une catastrophe pour les entreprises concernées, mais aussi pour l’économie globalement car les conséquences sur la confiance vont toucher tout le monde, réagit Laurent Menurot, président de l’Union des entreprises proximité (U2P). Nos entreprises n’arrivent plus à se projeter dans l’avenir. » Chez Croissance Plus, les entrepreneurs « ressentent une vive inquiétude face à l’extension indéfinie du principe de précaution » et appellent le gouvernement à accorder une « plus grande confiance […] aux citoyens et aux organisations sociales et économiques ».
Un mauvais signal pour les consommateurs
Alors que beaucoup espéraient que le Covid-19 serait un choc brutal mais temporaire, peut-être que celui-ci est en train de muter en une secousse plus lente mais dont les effets ne seront pas moindres. Il faut toutefois relativiser le catastrophisme ambiant : les secteurs de l’hôtellerie-restauration et des loisirs ne représentent que 4 % du PIB de la France. Il paraît peu probable, à ce stade, que les nouvelles mesures aient, seules, la peau de la reprise.
Toutefois, « si le poids direct de ces services dans l’économie est relativement faible, c’est le signal de prudence envoyé aux consommateurs qui est important et pourrait avoir des effets indirects », alerte Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Une incertitude lancinante se ressentait déjà cet été en raison de la reprise de la pandémie en Europe en général et en France en particulier.
Le doute s’installe dans les entreprises
Fin août, 32 % des entreprises interrogées par l’Insee indiquaient être incapables de dater le retour à la normale de leur activité. C’était plus qu’en juillet. Et l’automne commence de façon comparable. L’indice du climat des affaires, calculé au cours des trois premières semaines de septembre en analysant les réponses de 10.000 patrons, a gagné 2 points en septembre et se situe désormais à 92 points. Mais cette hausse est légère et fait planer un doute sur le rebond de l’activité économique dans les prochains mois.
D’abord, l’indice du moral des chefs d’entreprise reste inférieur à sa moyenne de long terme, fixée à 100 points, et surtout, il n’a pas encore retrouvé son niveau d’avant la pandémie. Il était en février à 105 points. Enfin, ce redressement, entamé en mai dès la fin du confinement, est plus lent que les mois précédents, à cause de l’incertitude sur l’évolution de la situation sanitaire.
Tout porte à croire que certains chefs d’entreprise anticipaient un tour de vis. De même, il est possible que l’aggravation du nombre de cas de Covid-19 a déjà eu, au cours des dernières semaines, un impact sur l’attitude des consommateurs.
Les services plus sensibles que l’industrie
Dans les services, par exemple, l’Insee note que « les chefs d’entreprise restent assez pessimistes sur leurs propres perspectives pour les trois prochains mois ». Ainsi, le nombre d’entreprises qui prévoient une amélioration de leur activité et de la demande diminue de nouveau légèrement et s’éloigne de sa moyenne.
Dans l’industrie, si la confiance est plus forte que dans les services, tout n’est pas rose pour autant. L’Insee note que « les industriels sont moins optimistes qu’en août sur la production à venir ». Etant donné l’incertitude sur la situation sanitaire et les restrictions décidées par le gouvernement, l’inquiétude sur l’évolution de l’activité d’ici à la fin de l’année est désormais de mise.
Ce que le gouvernement a déjà anticipé dans ses prévisions de croissance. Le fait qu’il attende une chute du PIB de 10 % cette année impliquerait qu’il table implicitement sur une baisse du PIB au quatrième trimestre (après un fort rebond au troisième), de l’ordre de 4 %, selon plusieurs économistes.