Touchée mais pas coulée. Lancée avec beaucoup de battage le 21 novembre par le ministère du Travail, l’application Mon compte formation suscite toujours l’intérêt, malgré la crise du Covid-19 . Le nombre de demandes est, certes, passé de 20.000 à 6.300 en moyenne par semaine depuis le confinement . Mais elles « ne se sont pas écroulées grâce aux formations à distance dont le nombre a été multiplié par plus de deux depuis début mars », souligne Michel Yahiel, directeur des retraites et de la solidarité à la Caisse des Dépôts, l’institution responsable du compte de formation. Au point qu’elles représentent 70 % des inscriptions depuis le 12 mars.
En quatre mois d’existence, l’application a été téléchargée 1,2 million de fois, en plus des 7 millions de visiteurs uniques sur le site Internet. « En moyenne, nous observons 1.500 téléchargements par jour et 50.000 visiteurs uniques, soit un trafic de 40 % à 50 % par rapport à février qui était encore très dynamique », détaille-t-il. Côté catalogue, ce sont désormais 700.000 sessions qui sont proposées par plus de 13.000 prestataires. Le montant moyen des formations achetées (2.100 euros) n’a en revanche pas beaucoup évolué depuis le confinement.
33 millions de comptes
Pour rappel, l’application a été lancée dans la foulée de la bascule d’heures en euros du compte personnel de formation (CPF), qui constitue un droit universel et portable pour 33 millions d’actifs. Les heures de chaque compte ont été converties en espèce sonnante et trébuchante le 1er janvier 2019. Depuis, ils sont alimentés à hauteur de 500 euros par an dans la limite de 5.000 euros (800 et 8.000 euros pour certains publics, handicapés notamment).
Le principe est simple : du choix d’une session à l’inscription puis au paiement, chacun est libre d’utiliser ses euros comme bon lui semble en dehors de son temps de travail (avec accord de l’employeur sinon). La réforme Pénicaud a mis fin au rôle d’intermédiaires des ex-organismes Opca, responsables, aux yeux de la ministre du Travail, de lourdeurs et d’inégalités d’accès du système de formation professionnelle français. Cette libéralisation assumée d’une partie du marché , avec toutefois un contrôle par certification des organismes de formation, est censée favoriser la vérité des prix puisque chacun peut les comparer en quelques clics, ce qui n’était pas le cas avant.
Moteur auxiliaire à la reprise
Avant la crise, le ministère s’était fixé comme objectif de financer 1 million de formations cette année grâce au CPF (l’argent est pris sur la cotisation formation des entreprises et géré par la Caisse des Dépôts qui paye les organismes de formation). En quatre mois, 258 millions ont été engagés mais du fait d’un probable effet report sur 2021, le milliard prévu ne sera sans doute pas consommé cette année . « L’application fournira un moteur auxiliaire à la reprise », veut croire Michel Yahiel.
En attendant, le calendrier des évolutions du logiciel a été un peu décalé du fait de la crise. L’abondement par Pôle emploi du CPF des chômeurs ne sera possible qu’en juin. Celui des salariés par leurs employeurs à la rentrée. Pour les régions, tout public confondu, il faudra attendre octobre.

