Des inscriptions en hausse mais contenues par le recours massif au chômage partiel et, surtout, des reprises de travail en forte chute pour cause d’effondrement des embauches : c’est le tableau que dessinent les statistiques de Pôle emploi pour le mois de mars publiées ce lundi. Ce double impact du Covid-19 sur le marché du travail est tel qu’il pousse le gouvernement à vouloir adapter rapidement les règles de l’assurance-chômage.
Dans le détail, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A (c’est-à-dire sans aucune activité) en France (hors Mayotte) a progressé de 246.100 le mois dernier, pour s’établir à un peu plus de 3,7 millions. Soit une hausse de 7,1 %, la plus forte depuis le début de cette série statistique, en 1996, et qui touche toutes les tranches d’âges et toutes les régions, Guyane exceptée. A titre de comparaison, souligne le ministère du Travail, la deuxième hausse mensuelle la plus importante, intervenue en mars 2009 durant la crise financière, était de 77.300.
Très forte baisse des sorties
Le nombre des personnes en activité réduite (catégories B, C) a, lui, fortement diminué (-68.600, soit -3,1 %). Au total, l’effectif des trois catégories a augmenté de 177.500 personnes à 5,85 millions (+3,1 %). Il s’agit là aussi de la hausse mensuelle la plus forte jamais enregistrée depuis début 1996, la seconde plus forte hausse remontant à avril 2009 (+86.300).
Cet accroissement doit être relativisé même s’il est spectaculaire. D’un côté, il s’explique par la très nette hausse des entrées (+5,5 %) dans ces catégories, alimentées par les fins de mission d’intérim (+45.300, deux fois et demie de plus qu’en février) et fins de contrats courts (+29.800, +27,5 %) depuis la mise en place du confinement . Les licenciements sont, en revanche, restés stables, du fait d’un recours massif des entreprises au chômage partiel . De l’autre, les sorties se sont effondrées de 29 %, l’équivalent de 170.000 personnes.
Réflexion sur l’assurance-chômage
« Le chômage augmente donc parce que les entreprises, dans le contexte actuel, n’embauchent plus, mais pas parce qu’elles licencient massivement », a souligné le ministère du Travail. Ce dernier a confirmé que la prolongation du versement des allocations pour les chômeurs arrivant en fin de droits aura aussi lieu en mai. « Nous travaillons également sur un plan de relance pour favoriser la reprise et protéger les emplois », a ajouté la ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
Surtout, une « réflexion » avec les partenaires sociaux va être engagée pour « adapter rapidement nos règles d’assurance-chômage à cette situation exceptionnelle », a annoncé le ministère. Entrée en partie en vigueur en novembre dernier, la réforme des règles d’indemnisation a déjà subi un coup de frein avec le report de quelques mois de celles concernant le calcul du salaire journalier de référence et de la dégressivité des allocations.
« Ce n’est pas le moment de diminuer le revenu de remplacement de 3 millions de chômeurs si on veut faire de la relance et de la consommation », a réagi Michel Beaugas pour FO, par ailleurs surpris de l’annonce de cette réflexion à venir. « Sera-t-on associé ou simplement caution ? », se demande Jean-François Foucard pour la CFE-CGC qui craint que le point d’arrivée de la réflexion soit fixé dès le départ. Les syndicats demandent un retour à la convention de 2017.