Coronavirus : le portefeuille boursier de l’Etat a fondu de 30 % avec la crise

La valorisation boursière des participations de l'Etat a chuté à 52,3 milliards d'euros en juin dernier, un plus bas depuis au moins dix ans. Face à la crise, l'Etat va geler les cessions et aider au renforcement des fonds propres des entreprises.


La compagnie aerienne Air France. Une bonne partie de la flotte de la compagnie nationale est bloquee au sol sur les terminaux et zones techniques depuis la mise en place du confinement en mars dernier//MASTAR_AIR0493/2006191529/Credit:Mario FOURMY/SIPA/2006191531

L’Etat actionnaire est lui aussi victime de la crise. Le rapport d’activité pour 2019, qui vient d’être publié, montre que la valorisation de son portefeuille de participations dans des entreprises cotées a chuté de 30,3 % sur un an. Ce portefeuille aujourd’hui composé de 11 titres ne valait plus que 52,3 milliards d’euros en juin dernier, ce qui représente un plus bas depuis au moins dix ans (indépendamment des changements de périmètre).

« Au printemps 2020, la crise du Covid-19 et le confinement de la population française ont entraîné un arrêt temporaire de l’activité économique, avec les conséquences considérables et durables sur le bilan des entreprises du portefeuille », souligne Martin Vial, directeur général de l’Agence des participations de l’Etat (APE).

Poids de l’énergie

La baisse est près de trois fois supérieure à celle de l’indice CAC 40 sur un an. Un phénomène qui s’explique par la composition sectorielle du portefeuille de l’Etat et notamment la prédominance de l’énergie (EDF, Engie, Eramet). Ce secteur représente plus de la moitié de la capitalisation boursière cotée. La dégringolade de 18 % en six mois du titre EDF, qui représente plus de 40 % de la valeur totale du portefeuille, a ainsi nettement contribué à la sous-performance. L’Etat est aussi exposé à hauteur de 26 % à l’aéronautique et à la défense, durement touchés par la crise.

Toutes les entreprises cotées dont l’Etat est actionnaire ont vu leur cours reculer sur un an, à l’exception de la Française des Jeux , qui a pris 21 % depuis sa mise en Bourse en novembre.

Baisse des dividendes

Dans ces circonstances, la tendance à la baisse des dividendes se poursuit. L’Etat n’a perçu que 1,7 milliard de coupons sur ses participations cotées, contre 2 milliards en 2018 et 4,9 milliards il y a dix ans. Un déclin régulier et durable, qui est aussi lié à la situation du secteur de l’énergie et qui contraste fortement avec la hausse enregistrée pour les fleurons du CAC 40. « Sur quatre ans, le rendement en moyenne annuelle du portefeuille coté s’établit à 1,6 % alors que celui du CAC 40 a été de 7,6 % entre juin 2017 et juin 2020 », détaille le rapport. Le rendement tient compte de l’évolution des cours et des dividendes distribués.

La crise du Covid-19 a infléchi la politique actionnariale de l’Etat et va continuer de le faire. L’APE gèle les cessions et va intervenir à nouveau en fonds propres et quasi-fonds propres pour apporter un soutien de long terme à des entreprises vulnérables et « renforcer la souveraineté économique française ».

« Nous utiliserons le solde de nos recettes 2019-2020 le mieux possible, comme celles issues de la cession du contrôle de La Poste à la Caisse des Dépôts, explique Martin Vial dans le rapport. Nous avons mobilisé des ressources publiques au travers du compte d’affectation spéciale, qui sera progressivement abondé de 20 milliards d’euros dans le cadre de la deuxième loi de finances rectificative pour 2020 ».

Contreparties

Le directeur de l’Agence rappelle que ce soutien ne sera pas totalement gratuit. « L’APE veillera à ce que les entreprises de son portefeuille qui en bénéficient intègrent les objectifs de responsabilité sociale, sociétale et environnementale dans leur stratégie, ​notamment en matière de lutte contre le changement climatique. » Sur ce dernier point, l’Agence indique travailler à la mise en oeuvre d’un reporting harmonisé des émissions de CO2 des entreprises du portefeuille.

Les incitations à se doter d’une raison d’être – comme le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire l’a défendu en 2019 – devraient aussi rester d’actualité. Toutes les sociétés ayant l’Etat comme actionnaire n’ont pas encore modifié leurs statuts.


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