Aujourd’hui, on ne cherche plus à aplatir une courbe, mais « autant de courbes qu’il y a de foyers épidémiques ». Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a expliqué ce jeudi, lors d’une conférence de presse, comment le gouvernement espère faire reculer le coronavirus , qui reprend de la vigueur chaque jour qui passe.
Le nombre de cas et les admissions en réanimation remontent vivement autour des grandes villes . Pour éviter d’avoir à déprogrammer des opérations chirurgicales, alors que le rattrapage de soins non-Covid non effectués au printemps est en cours, il convient de réduire ces foyers de façon « différenciée » et « adaptée », au niveau de chaque territoire.
Dans l’immédiat, Lyon et Nice vont devoir durcir leur arsenal contre le virus. Les préfets du Rhône et des Alpes-Maritimes ont jusqu’à samedi pour discuter avec les élus et les autorités locales avant de proposer de nouvelles mesures restrictives, a annoncé Olivier Véran. Le taux d’incidence a atteint 200 cas pour 100.000 habitants à Lyon et 150 à Nice. Surtout, les seniors ne sont plus en sécurité, avec une incidence respective de 113 et 100 cas pour 100.000 chez les plus de 65 ans.
Enfin, dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, 30 % des 537 lits de réanimation sont désormais occupés par des malades du Covid-19, contre 15 % au niveau national. Ce qui fait peser une menace sur la continuité des soins pour les autres patients.
« Fermer les bars… »
Mais après Lyon et Nice, d’autres restrictions risquent de pleuvoir. Si la situation ne s’arrange pas d’ici à la semaine prochaine, a prévenu Olivier Véran, un tour de vis supplémentaire devra être opéré à Marseille et en Guadeloupe, où les préfets ont déjà décidé au début de la semaine – comme à Bordeaux – de limiter les rassemblements à moins de 10 personnes, de fermer les parcs et des plages le soir, d’abaisser à 1.000 la jauge des grands événements, d’annuler certaines festivités… Il faudra peut-être « fermer les bars, interdire les grands rassemblements », a avancé le ministre.
De plus, a prévenu Olivier Véran, la semaine prochaine, une kyrielle de grandes villes pourraient entrer dans la danse : Lille, Toulouse, Rennes, Dijon, Paris… « Les seuils critiques ne sont pas encore atteints, mais nous serons extrêmement attentifs », a indiqué le ministre.
« Ce qui nous inquiète, c’est la dynamique épidémique sur certains territoires », a-t-il expliqué. Le seuil d’alerte en termes d’incidence est en effet de 50 cas pour 100.000 habitants, et 53 départements l’ont dépassé, se classant de facto en « zone de circulation active » du virus. Mais certains territoires sont bien au-delà du seuil : 6 fois à Marseille, 5 fois en Guadeloupe, 4 fois à Bordeaux et à Lyon, 3 fois à Paris. Autre indicateur-clé, l’incidence chez les seniors : elle est de 190 cas pour 100.000 habitants à Marseille, 130 en Guadeloupe, plus de 80 à Bordeaux, à Nice et à Toulouse.
Cas contacts
Même si l’heure n’est pas au relâchement, Olivier Véran a toutefois annoncé une bonne nouvelle aux parents qui s’inquiètent depuis le retour à l’école de leurs enfants. Selon un avis du Haut Conseil de la santé publique, qui devait être publié ce jeudi soir, les jeunes sont peu à risque et peu actifs dans la chaîne de transmission du virus. On va donc pouvoir assouplir le protocole sanitaire dans les écoles et les crèches, a annoncé le ministre. « Il n’y a pas lieu de renvoyer les enfants chez eux à la première alerte », a-t-il insisté.
Si un cas est déclaré dans la classe, les autres élèves pourront se rendre à l’école. Il a aussi expliqué aux parents que « les cas contacts des cas contacts ne sont pas des cas contacts » – autrement dit, si leur enfant doit se placer en quarantaine après avoir côtoyé un camarade positif, les frères et soeurs n’ont pas à faire de même. En revanche, les contaminations des adultes vers les enfants sont plus fréquentes, si bien que tous les professionnels en crèche devront désormais porter le masque.