Coronavirus : plus de 6 millions de salariés en chômage partiel en France

Le recours au chômage partiel concerne plus d'un salarié sur quatre, selon le dernier décompte communiqué ce mercredi par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. La hausse des demandes est vertigineuse, mais encouragée par le gouvernement pour protéger l'emploi quoi qu'il en coûte.


A person walks past a closed restaurant terrace on March 16, 2020 in Strasbourg, eastern France as protective measures are taken in France against the spread of the COVID-19. - French President will speak on television at 8:00 (Paris time) on March 16, 2020 to announce new measures to fight the growing coronavirus epidemic, said the Elysee. (Photo by FREDERICK FLORIN / AFP)

A l’opposé de l’épidémie de Covid-19 , le recours au chômage partiel ne montre pas de signes de ralentissement. Dernier décompte en date donné ce mercredi par Muriel Pénicaud : 586.000 entreprises et associations ont fait une demande concernant 6,3 millions de salariés. Mardi, lors d’une audition au Sénat, la ministre du Travail en comptait 544.000 et 5,8 millions respectivement pour un coût potentiel de près de 20 milliards à la charge de l’Etat pour les deux-tiers, de l’Unédic pour le solde.

Un demi-million de personnes en plus en vingt-quatre heures ou 2,6 millions de plus en une semaine : les chiffres détonnent d’autant plus que la situation – a contrario de celle de l’Allemagne – est parfaitement inédite dans l’histoire sociale du pays. Décidé à préserver l’emploi sans regarder à la dépense, le gouvernement a ouvert les vannes de l’activité partielle – selon le terme légal – comme jamais .

Il n’en coûte rien à l’entreprise jusqu’à 4,5 fois le SMIC (sauf abondement de la partie du salaire non couverte) et quasiment tous les travailleurs y sont éligibles. « Ce choix de responsabilité peut paraître coûteux mais c’est un investissement sur les salariés et les compétences », a défendu le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, ce mercredi, à l’issue du Conseil des ministres.

Décision régalienne

Bien que plus d’un salarié du privé sur quatre soit désormais couvert par le dispositif, la courbe va probablement continuer de grimper. Faut-il y voir un effet retard dû au bouchon pendant quelques jours du système informatique d’enregistrement des demandes ? Ou un décalage par rapport à l’état réel de l’activité, arrêtée pour une très grande partie dès le confinement en place ? Encouragées par le gouvernement, les entreprises ont-elles surréagi, parfois en profitant des deniers publics ?

« Probablement tout cela à la fois », estime Gilbert Cette, professeur d’économie associé à l’université d’Aix-Marseille, qui met aussi en avant la générosité du dispositif. « Il fallait prendre une décision forte et rapide. Le confinement est une décision régalienne. Il n’est donc pas absurde que la collectivité réagisse en plaçant la barre haut malgré le risque d’aléa moral », ajoute-t-il.

Au risque que la machine s’emballe ? Directeur du département analyses et prévisions de l’OFCE, Eric Heyer relativise l’importance des chiffres. Ils correspondent à un « droit à consommer », explique-t-il, rappelant qu’en temps normal – même si c’est loin d’être le cas en ce moment – la moitié des heures demandées sont effectivement chômées. En clair, les chiffres grimpent en flèche, notamment parce que la file d’attente était importante et que le ministère accepte toutes les demandes, renvoyant les contrôles à plus tard. Le nombre d’heures réellement chômées sera peut-être inférieur in fine.


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