Il est sous pression. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a pris ce mercredi un arrêté autorisant les Agences régionales de santé à mettre en place des opérations de dépistage rapide du coronavirus, avec des tests antigéniques. Il s’agit de prélèvements nasopharyngés, comme les tests PCR, mais il n’est pas nécessaire de les envoyer au laboratoire pour les analyser.
Il est urgent d’agir alors que l’épidémie regagne du terrain . La France est désormais le troisième pays d’Europe qui dépiste le plus de monde, avec 1 million de tests par semaine, mais les taux de positivité grimpent et les délais s’allongent pour accéder aux tests . A cause de ces ratés, Olivier Véran a essuyé les remontrances du chef de l’Etat vendredi, lors du Conseil de défense.
Le ministre a donc décidé de ne pas attendre l’avis des sociétés savantes et de la Haute Autorité de santé avant de mettre sur le marché ces tests antigéniques, expérimentés depuis quelques jours par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Cela se fera « à titre exceptionnel et dans l’intérêt de la protection de la santé », précise l’arrêté. Les personnes testées devront être informées qu’il ne s’agit que d’un test « d’orientation diagnostique ». S’ils sont positifs, ils devront le confirmer en réalisant un test PCR.
De plus, les personnes symptomatiques et les « cas contacts » identifiés par l’Assurance-maladie ne doivent pas être traités par tests antigéniques, car ce sont des publics prioritaires. Ils doivent donc être dépistés par PCR – une technologie dont la fiabilité est éprouvée, et sanctionnée par les autorités. De plus, ils bénéficient désormais d’horaires dédiés ou d’un coupe-file dans les laboratoires.
Baisse de productivité
Pour François Blanchecotte, président du Centre national des professions de santé, l’autorisation des tests antigéniques est un brin précipitée. « Il faut être prudent avant d’autoriser de nouveaux tests », répète-t-il. A part l’AP-HP, qui a commandé 100.000 tests à un fabricant coréen, personne n’est prêt. « De toute façon, comme rien n’est prévu pour le remboursement, nous ne pouvons pas facturer. Donc nous n’allons pas en acheter », explique celui qui est également président du syndicat des biologistes.
François Blanchecotte juge qu’en passant aux tests antigéniques, on va faire un pas en arrière en termes de productivité : « Je ne vais pas mettre mes techniciens à lire manuellement des barrettes colorées alors qu’on a mis en place des machines pour automatiser et accélérer les traitements ! » s’exclame-t-il.
Nouvelles machines commandées
Depuis qu’il n’est plus nécessaire d’avoir une ordonnance médicale pour se faire dépister, l’accès aux tests PCR bouchonne. Mais le professionnel a bon espoir que les choses se débloquent avec la mise en place de priorités d’accès et l’arrivée de nouvelles machines, commandées récemment. « Nous serons prêts dans une quinzaine de jours. Nous avons énormément embauché et faisons du 3×8 », rappelle-t-il. Après être passés très rapidement de 500.000 à 1 million de tests par semaine, les biologistes envisagent à présent le cap de 1,5 million.