Les chiffres commencent à faire peur. Plus de 3.300 cas de coronavirus ont été recensés en France sur les dernières 24 heures, a annoncé samedi soir Santé Publique France. Du jamais vu depuis la fin du confinement le 11 mai. Le nombre de nouvelles contaminations, qui tournait autour de 1.000 quotidiennement fin juillet, a fortement augmenté depuis et le taux de positivité des personnes dépistées continue de progresser, à 2,6 %. Ce qui avait amené mardi dernier le Premier ministre, Jean Castex, à appeler les Français à« se ressaisir ».
Selon les dernières données officielles , près d’un quart de ces nouvelles infections ont lieu sur le lieu de travail. Un ratio préoccupant qui pousse l’exécutif à souhaiter la généralisation du port du masque en entreprise. Le gouvernement présentera mardi aux partenaires sociaux « les premières évolutions » qu’il propose introduire dans les règles devant s’y appliquer, annonce la ministre du Travail, Elisabeth Borne, dans « Le JDD ». Les décisions seront prises « dans les jours à venir » pour que « les nouvelles règles puissent s’appliquer d’ici à la fin août », quand la plupart des Français seront rentrés de vacances et auront repris le travail. « Les indicateurs ne sont pas bons. Il faut en tirer les conséquences », explique-t-elle.
Pas de retour à la règle des 4 m2
« Le port obligatoire du masque » sera préconisé « dans les salles de réunion, où il n’y a pas d’aération naturelle » et dans « les espaces de circulation », précise la ministre. « Nous allons aussi réexaminer les guides métiers en tenant compte de ce que nous avons pu observer dans les clusters professionnels », indique-t-elle. Pas question, en revanche, de revenir à la règle de 4 m2 par salarié en vigueur à la sortie du confinement et abandonnée au début de l’été pour la règle du mètre de distance.
Reste la question des open spaces, ces espaces sans séparations regroupant plusieurs bureaux. Sur ce sujet, le ministère du Travail souhaite encore consulter le Haut Conseil de santé publique, notamment sur l’efficacité des vitres de Plexiglas, déjà installées par de nombreuses entreprises, pour protéger les salariés.
La nécessité du télétravail
Une chose est sûre, en revanche, le gouvernement ne veut pas du statu quo et entend faire bouger les choses. Sans se montrer trop directif toutefois. Car il veut éviter de trop contraindre les entreprises de peur de casser la reprise de l’activité à l’oeuvre depuis le déconfinement. Et aussi dans le souci de ne pas braquer le patronat, qui considère les règles sanitaires actuelles comme suffisantes. A la différence des syndicats qui, eux, se montrent favorables à un durcissement des règles sur le port du masque .
A l’occasion d’une première réunion, vendredi, avec le ministère du Travail, les représentants des entreprises ont dit leur « crainte d’un renforcement des interdictions et des obligations générales alors qu’il faut travailler dans chaque entreprise en fonction de son métier et de ses situations de travail », résume l’un d’eux. Ils voient aussi d’un mauvais oeil la volonté du gouvernement de repasser au crible les quelque 90 fiches métiers et guides de branche existant. Tout comme l’obligation pour les employeurs de prendre en charge le coût des masques, évoquée par Elisabeth Borne ce dimanche dans le « JDD » et qui est une demande unanime des syndicats.
Dans le « JDD », la ministre du Travail insiste par ailleurs sur la nécessité du télétravail, qu’« il faut mettre en place chaque fois que c’est possible dans les zones de circulation active du virus », comme Paris et les Bouches-du-Rhône. Des propos qui pourraient inciter les entreprises ayant encouragé le retour des salariés sur site avant les vacances d’été à rebasculer, au moins en partie, dans le travail à distance à la rentrée.