« 50 % et quelques en Ehpad, ce n’est pas suffisant. On ne prendra pas le risque à la rentrée d’exposer des personnes fragiles et âgées du fait que les soignants ne se font pas vacciner », a-t-il affirmé, en énumérant les dangers à ce moment-là – nouveaux variants plus agressifs, conditions climatiques favorables à la propagation virale.
Une question « éthique »
En comparaison, les soignants libéraux exerçant en ville sont déjà vaccinés à 85 %, ce qui n’est « pas mal du tout », s’est félicité Olivier Véran. Quant aux hospitaliers, le ministre n’a pas cité de pourcentage, mais il a dit que les chiffres étaient « meilleurs » et qu’ils « continuent d’augmenter ».
« Il est éthique de se faire vacciner quand on part travailler au contact de personnes fragiles », a-t-il insisté, d’autant plus que certaines personnes âgées dépendantes ne peuvent pas se faire vacciner pour des raisons de santé. Olivier Véran trouve anormal que la proportion de soignants vaccinés en Ehpad soit inférieure à la proportion de majeurs vaccinés dans l’ensemble de la population (60 %).
Les vaccins sont accessibles à tous, gratuitement, et dans des conditions facilitées, a-t-il répété, lançant un « appel très solennel » aux employeurs et aux salariés dans les Ehpad pour y recourir. Le ministre a également dit qu’il travaillait avec la ministre déléguée à l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, sur une augmentation du taux de vaccination du personnel de ces établissements.
« Si d’ici la fin de l’été, ça ne devait pas s’améliorer, oui, nous nous poserions la question d’une obligation vaccinale pour ces publics particuliers », a-t-il fini par lâcher, tout en refusant de poser « une deadline » ou « un ultimatum ».
Un secteur sinistré
Emmanuel Macron a demandé que la piste d’une obligation vaccinale pour les soignants soit mise à l’étude début mars. Le gouvernement a consulté les ordres professionnels, qui sont majoritairement favorables à cette vaccination « éthique », pour ne pas nuire à autrui.
Mais le ministre de la Santé marche sur des oeufs avec la vaccination obligatoire. Elle risque de braquer certains soignants extrêmement méfiants par rapport aux bénéfices et aux risques des vaccins. Comme l’a souligné le dirigeant de l’Association des directeurs au service des personnes âgées, Romain Gizolme, sur BFMTV, en réaction aux propos d’Olivier Véran, l’obligation risque d’aggraver les pénuries de personnel en Ehpad.
Il paraît clair en tout cas qu’il va falloir décliner la politique du « aller vers » en direction des soignants en Ehpad. Ces initiatives faites pour renforcer l’accès au vaccin sont aujourd’hui orientées vers les personnes âgées isolées, les banlieues déshéritées ou bien les Français souffrant de comorbidités. En revanche, le personnel en Ehpad doit encore se rendre en centre de vaccination pour ses injections. Les maisons de retraite médicalisées ont pourtant fait leurs preuves dans ce domaine, en vaccinant massivement les aînés sur place, au premier trimestre.