Il y a dans cette statistique de quoi provoquer un nouvel embouteillage monstre dans les hôpitaux et des décès en masse. Quelque 5 millions de Français souffrant d’une comorbidités ne se sont toujours pas fait administrer la moindre dose de vaccin contre le Covid. L’Assurance-maladie a fait le décompte à la date du 11 juillet, et a souligné ce jeudi ce péril lors d’une conférence de presse.
«Ce chiffre de 5 millions peut paraître encore élevé mais il recouvre une part de pathologies qui n’emportent pas de risque direct vis-à-vis du Covid», tempère le directeur de l’Assurance-maladie Thomas Fatôme, qui cite en exemple «le tabagisme, près de un million de personnes, ou les traitements anti-dépresseurs». «De plus, il date du 11 juillet. On est donc maintenant sur des chiffres inférieurs», ajoute-t-il.
Chez les personnes âgées – l’âge est le premier facteur de risque -, le taux de vaccination dépasse les 85 %. Mais 1 million de plus de 75 ans et 1,1 million de 65-75 ans n’ont pas eu leur première dose. Vu la vitesse à laquelle le variant Delta circule chez leurs enfants et petits-enfants, avec une charge virale « mille fois supérieure aux précédents virus », a expliqué ce jeudi, au Sénat, le ministre de la Santé, Olivier Véran, ces personnes sont très exposées.
« Aller vers »
C’est pour réduire ces poches de vulnérabilité que l’Assurance-maladie a initié une démarche « aller vers » , en déployant de la vaccination itinérante, à domicile, sans rendez-vous dans les quartiers et auprès des publics les plus éloignés du vaccin. Depuis mars, 7 millions de SMS ont été envoyés et 2 millions d’appels passés pour convaincre ces patients. En retour, plus de 450.000 d’entre eux ont téléphoné à la CPAM et 150.000 rendez-vous vaccinaux ont été fixés directement par elle.
Ces efforts ont déjà porté des fruits. La vaccination des personnes présentant des comorbidités a bondi entre le 23 mai et le 11 juillet : 14 points de plus, à 74 %, alors que le taux de vaccination en population générale n’était que de 53 % à cette date. La hausse est particulièrement forte pour la trisomie (+20 points, à 70 %), les cancers actifs (+27 points, à 74 %), le diabète (+32 points, à 70 %).
Des listes de patients
Mais il faut aller plus loin, notamment au vu des nouveaux objectifs de vaccination . Depuis le 14 juillet, les médecins traitants peuvent obtenir de l’Assurance-maladie la liste de leurs patients à risque non-vaccinés. Ils sont 4.800 à avoir actionné cette possibilité. Les pharmaciens vont aussi recevoir des flyers à distribuer aux patients obèses ou diabétiques pour les sensibiliser à l’urgence d’une vaccination.
Enfin, le service médical de l’Assurance-maladie projette d’appeler lui-même 350.000 assurés sociaux à très haut risque, transplantés, dialysés, souffrant d’une mucoviscidose, d’un cancer broncho-pulmonaire… L’opération commencera la semaine prochaine avec 20.000 d’entre eux qui ne disposent pas de médecin traitant.