Alerte aux variants agressifs du coronavirus. Jeudi, lors de sa conférence de presse hebdomadaire sur le Covid, le ministre de la Santé Olivier Véran a fait le point sur la présence de ces mutants plus transmissibles que le virus de 2020.
Il a surtout tiré la sonnette d’alarme sur un département métropolitain, la Moselle, où plus de 300 cas de variants sud-africain et brésilien ont été recensés en quatre jours, et où de nouvelles mesures vont devoir être prises rapidement.
Sur le territoire national, ces deux variants pèsent 4 à 5 % des nouveaux cas, selon un séquençage mené sur 17.000 tests RT-PCR. C’est peu, en comparaison du variant britannique. Ce dernier croît avec la vélocité attendue, et représente maintenant 20 à 25 % des contaminations (contre 14 % le 27 janvier ), a estimé Olivier Véran.
Mais les deux mutants du Sud sont plus inquiétants encore, car ils ne se contentent pas de courir plus vite. Ils sont capables de réinfecter des personnes que l’on croyait immunisées après avoir attrapé une première fois le Covid. Il semblerait également qu’ils diminuent l’efficacité de certains vaccins , au point que l’Afrique du Sud a renoncé à utiliser le vaccin AstraZeneca.
Une situation « plus inquiétante » en Moselle
La diffusion des variants est inégale sur le territoire, a expliqué Olivier Véran. « Dans de nombreux départements, il n’y a pas de trace » des deux variants, « ou un ou deux cas ». Ailleurs, des clusters sont apparus, que l’on peut circonscrire en remontant les chaînes de contamination par des enquêtes épidémiologiques : c’est le cas de la Dordogne, où ont été recensés une quarantaine de cas en 4 jours.
« En Moselle, la situation est plus inquiétante », a-t-il poursuivi. Dans ce département où l’incidence est élevée (284 cas pour 100.000 habitants, contre 207/100.000 en moyenne nationale), et où les vacances ne videront les écoles que le 20 février, l’éruption de cas n’est pas due à un foyer infectieux bien identifié. On ne sait donc pas par où est entré le virus, même si la piste des travailleurs transfrontaliers est à l’étude.
Nouvelles restrictions en vue
Olivier Véran a annoncé des mesures pour éviter un nouveau drame à ce département déjà fortement touché par la première vague, et empêcher que les variants se disséminent ailleurs. « Je me rendrai demain en Moselle pour évaluer la situation et échanger avec les élus, les acteurs de santé, le préfet, l’ARS », a-t-il annoncé. L’objectif de cette concertation est d’apporter « des réponses collectives ».
Dans la foulée, le maire LR de Metz François Grosdidier a demandé un confinement. Il doit rencontrer Olivier Véran vendredi. Plusieurs élus du Grand Est avaient déjà demandé et obtenu l’anticipation du couvre-feu à 18 heures dès le 2 janvier.
Le ministre de la Santé n’envisage pas à ce stade de reconfinement national. Le couvre-feu, les gestes barrière, le renforcement du tester-alerter-protéger « nous ont déjà permis de freiner la diffusion » des variants et de l’épidémie en général, s’est-il félicité ; « les prochaines semaines nous diront si cela a suffi ou si nous devons prendre des mesures supplémentaires ».
Un autre département est déjà envahi par le variant sud-africain, en plus du britannique : Mayotte. L’île est confinée depuis le 5 février pour au moins trois semaines. Mercredi, le taux d’incidence du Covid-19 à Mayotte était de 812 cas pour 100.000 habitants ! Une trentaine de policiers et de gendarmes vont y être envoyés jusqu’à l’été pour faire respecter le confinement et lutter contre l’immigration clandestine comorienne, a annoncé le gouvernement jeudi.