En quelques semaines, le ton a changé chez les épidémiologistes, qui apparaissent désormais plus décontractés sur les plateaux télé où l’on parle du Covid. Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, a laissé entrevoir ce vendredi sur BFMTV/RMC la possibilité d’« un été tranquille », grâce à la décrue rapide de la circulation virale .
Si aux alentours du 15 juin, le nombre de cas quotidiens est ramené à moins de 5.000 par jour, et les admissions à l’hôpital entre 100 et 200 par jour, « on basculerait dans une nouvelle ère de l’épidémie, au moins pour l’été qui vient », s’est-il réjoui. « Si on tient jusqu’au 15 juin, on change la donne pour l’été », et on sera en mesure d’encaisser une hausse du nombre de cas « de 30 % par semaine comme l’été dernier, car on était partis d’extrêmement bas ».
Faire face à l’irruption d’un variant
A 5.000 cas par jour, le niveau de circulation du virus serait si bas « qu’on pourrait faire face à l’irruption d’un nouveau variant plus transmissible, comme le variant indien qui est arrivé en Grande-Bretagne », et ne pas subir les conséquences « qu’on maîtrise mal » d’une variation climatique.
Pour rappel, le nombre quotidien de cas est désormais inférieur à 12.000 en moyenne hebdomadaire, et après révision de la méthode statistique de Santé publique France. Mi-avril, la moyenne était supérieure à 34.000 cas par jour. Quant aux admissions quotidiennes à l’hôpital, elles tournent autour de 700, après avoir dépassé 2.000.
A l’inverse, si l’épidémie se stabilisait, avec « 10.000-15.000 cas par jour », « là on ne peut vraiment pas dire ce qui se passerait pendant l’été », a averti Arnaud Fontanet.
Deux conditions pour tomber les masques
Parmi les facteurs qui pourraient en théorie stopper la décrue de l’épidémie dans les trois semaines à venir, il a énuméré : une variation du climat, une baisse du rythme de la vaccination , l’arrivée d’un variant – « Mais cela prendrait plusieurs semaines pour que cela devienne un vrai problème quantitatif », a-t-il balayé – et surtout, les comportements des Français avec la levée des restrictions. D’où l’invitation à « tenir » malgré la lassitude.
Quant à tomber le masque cet été, cela sera difficile mais pas impossible. Le scientifique a posé deux conditions. D’abord, un niveau de circulation très bas, ce qui est jouable. Ensuite, une couverture vaccinale de 60 % de la population générale, soit 80 % des adultes.
Aujourd’hui, un tiers des Français ont reçu au moins une injection, et un sixième ont eu les deux. Avec 30 millions de primo-vaccinés mi-juin, on arriverait à 45 % de primo-vaccinés. Or il va falloir progressivement toucher une frange de patients réfractaires , hésitants, procrastineurs, mal informés ou peu mobiles, voire inconséquents.
L’enjeu du deuxième semestre sera ensuite la vaccination des adolescents, qui ont autant de risques d’être infectés que les adultes, et qui sont aussi contagieux… mais qui ne subissent pas de formes graves de la maladie en général. Arnaud Fontanet plaide que pour leur santé mentale, il serait bon qu’ils participent à l’immunité collective, qui permet de maintenir ouverts les établissements scolaires et les lieux de sociabilisation.