Officiellement, Bruno Le Maire s’est présenté ce lundi à la tribune de l’Assemblée nationale pour défendre les crédits du plan de relance de 100 milliards d’euros annoncé par le gouvernement il y a deux mois seulement . Mais ces quelques semaines paraissent désormais appartenir à un passé lointain, et le ministre de l’Economie et des Finances a, en réalité, passé moins de temps à parler de relance que de proposer de muscler les mesures d’urgence pour aider une économie à nouveau menacée par l’aggravation de la crise sanitaire. « Nous ne voulons pas ajouter plus de crise économique à plus de crise sanitaire. Nous voulons protéger du point de vue sanitaire et continuer à travailler », a-t-il argué.
Le locataire de Bercy a avoué que « tout le monde en Europe était surpris par la virulence de la deuxième vague » même si le risque pandémique avait été anticipé. Cette violence se traduit déjà dans les indicateurs économiques. Bruno Le Maire a ainsi expliqué que le rebond de l’activité avait été de 16 % au troisième trimestre, mais que celui-ci sera vite en partie effacé avec « une croissance qui sera négative au quatrième trimestre ».
Situation alarmante
Face à cette situation alarmante, le ministre de l’Economie a annoncé avoir remis sur la table certains dispositifs en place au plus fort de la crise économique au printemps, comme les rendez-vous hebdomadaires avec les acteurs des filières touchées. Surtout il a annoncé un renforcement des filets de sécurité mis en place, en ciblant les loyers payés par les entreprises en difficultés. « Nous mettrons en place un dispositif fiscal pour inciter les bailleurs à réduire leurs loyers [pour les entreprises fragilisées par la crise, NDLR]. Je préciserai les règles du dispositif dans le courant de la semaine », a précisé Bruno Le Maire. Cela pourrait prendre la forme d’un crédit d’impôt dirigé vers les bailleurs de secteurs comme l’hôtellerie ou la restauration, une demande de longue date du secteur.
Tout ceci s’ajoute aux mesures déjà annoncées depuis plusieurs semaines, soit le renforcement du fonds de solidarité et une nouvelle vague d’exonération de charges. « Si de nouvelles mesures sanitaires devaient être prises dans les jours qui viennent, nous vous proposerions d’augmenter les crédits des dispositifs de soutien à notre économie », a annoncé aux députés le ministre de l’Economie. Le Conseil restreint de défense doit justement se réunir ce mardi autour d’Emmanuel Macron, alors que l’exécutif envisage un nouveau tour de vis sanitaire pour enrayer la progression de l’épidémie.
Critiques sur les manques de la relance
Face à lui, les membres des oppositions ont vivement critiqué le timing ou les manques du plan de relance . « Il est assez anachronique de parler de relance quand le couvre-feu s’applique à quasiment tout le territoire et qu’on rajoute des nouvelles mesures tous les jours », a dénoncé Eric Woerth (LR), tout en moquant l’effet de saupoudrage de certains dispositifs de relance. A gauche, Jean-Luc Mélenchon (LFI) a rejoint l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy sur cette critique du saupoudrage, tout en concentrant ses attaques sur les « miettes » que le gouvernement consacrerait à la lutte contre la pauvreté . « La pauvreté explose, nous allons avoir un million de pauvres en plus en 2020 », a tonné le leader des Insoumis.