Fini le supplice de l’écouvillon dans le nez – du moins dans certaines circonstances. Ce jeudi, la Haute autorité de santé a publié un avis très attendu qui étend l’indication des tests RT-PCR salivaires. Depuis septembre, ils n’étaient prescrits qu’à des personnes présentant des symptômes du Covid-19, et qui ne pouvaient supporter le prélèvement nasopharyngé – petits enfants, malades d’Alzheimer…
Dorénavant, ces tests pourront également servir à diagnostiquer les cas contacts, même asymptomatiques, si la voie nasale est difficile ou mal tolérée. Surtout, on va pouvoir systématiser le dépistage salivaire dans les écoles, les Ehpad, les hôpitaux et tout autre milieu fermé où l’opération doit être répétée régulièrement ou massivement.
Il y a une semaine, le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait anticipé la décision de la HAS et annoncé « des centaines de milliers de tests salivaires » dans les écoles et les universités, au retour des vacances. Jeudi après-midi, le chef du gouvernement, Jean Castex, doit se rendre dans une école parisienne qui va expérimenter les tests salivaires, accompagné du ministre de la Santé et du ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer.
Autoprélèvement
« Ces tests ne sont pas plus rapides, mais plus faciles à prélever et beaucoup mieux tolérés », a expliqué la présidente de la HAS, Dominique Le Guludec. Leur sensibilité s’est améliorée et s’élève à 85 % en moyenne, ce qui est supérieur au minimum requis par la HAS (80 %) mais inférieur « de 3 à 13 % » à la performance des tests RT-PCR sur prélèvement nasopharyngé, a-t-elle précisé.
C’est une arme supplémentaire dans l’arsenal actuel, où l’on consomme 2,3 millions de tests par semaine, à 75 % RT-PCR et à 25 % antigéniques, en écrasante majorité par voie nasale. Les tests salivaires doivent être traités en laboratoire, puisqu’il faut utiliser les machines d’amplification génétique. Cela prend certes du temps, mais cela signifie qu’ils peuvent eux aussi faire l’objet d’un criblage afin de détecter des variants .
Le prélèvement pourra être réalisé en laboratoire, sur place lors d’une opération de dépistage collective, et même à domicile, par autoprélèvement. Le patient pourra se munir d’un kit auprès de son laboratoire. Il devra saliver dans un tube – inutile de cracher, tousser ou racler le fond de la gorge -, puis le reboucher et le désinfecter à l’aide du matériel fourni. Le tube se conserve à température ambiante, mais il est préférable de le rapporter dans la journée au laboratoire afin qu’il l’analyse, généralement en moins de vingt-quatre heures.
Tests rapides, tests « poolés »
L’heure n’est pas encore à l’autorisation des tests antigéniques salivaires, très attendus des entreprises , qui imaginent qu’ils pourraient permettre d’organiser des événements, des matches, des concerts, avec un filtrage à l’entrée. Mais la HAS attend les résultats d’une étude de l’AP-HP sur le test rapide Easycov (d’une autre technique encore, dite RT-Lamp), « sur le point de s’achever » – selon Dominique Le Guludec -, afin de pouvoir éventuellement l’autoriser. Car disposer d’un test salivaire rapide fiable présenterait « d’énormes avantages ».
Par ailleurs, la HAS a décidé d’« explorer les possibilités de poolage » à la faveur de l’arrivée de ces tests salivaires. Cette technique consiste à regrouper un échantillon de prélèvements pour ne les analyser qu’une fois et ainsi accélérer la cadence. L’inconvénient est que si le « pool » est positif, il faut prélever une deuxième fois tout le monde. Le Haut conseil de la santé publique, qui était réticent l’année dernière, a révisé son jugement en janvier, à condition que l’échantillon soit limité à 5 personnes.
La HAS s’apprête également à communiquer sur d’autres travaux en lien avec l’épidémie : comment vacciner les gens qui ont déjà été infectés ; comment prendre en charge les personnes affectées par la persistance des symptômes du Covid-19.