On ne s’y habitue pas. Même à la cinquième vague de Covid, et au bout de bientôt deux ans de crise, c’est toujours un choc de voir grimper la courbe. Mardi, plus de 47.000 contaminations ont été enregistrées en 24 heures, contre 37.000 samedi, et 17.000 une semaine plus tôt. « La situation est en train de s’aggraver sur le front de l’épidémie », a constaté le ministre de la Santé Olivier Véran, devant les députés.
La vague déferle, alors qu’ un variant réputé extrêmement transmissible frappe à la porte de l’Europe, foyer mondial de la pandémie. Un cas positif infecté avec Omicron a été identifié dimanche à La Réunion, et « d’autres cas pourraient être identifiés dans les heures à venir » en France, a affirmé le ministre.
Davantage de patients en soins critiques
Avec plus de 30.000 contaminations par jour, la moyenne hebdomadaire des cas positifs pourrait être, « si l’on suivait cette dynamique de +60 % par semaine, supérieure au pic de la troisième vague d’ici à la fin de la semaine », a-t-il précisé. Début avril, cette moyenne a avoisiné 35.000 cas. Elle a frôlé 48.000 il y a un an, au début du deuxième confinement. Le nombre de patients en soins critiques commence également à remonter, à 1.824 mardi, en hausse de 24 % sur une semaine.
Voici les premières données françaises sur l’effet protecteur du rappel de la vaccination. Moins de cas graves, moins d’hospitalisations, quel que soit l’âge. Tous vaccinés, tous protégés. pic.twitter.com/JCYwDRtDPY
— Olivier Véran (@olivierveran) November 30, 2021
Aujourd’hui, comme l’a martelé Olivier Véran lorsqu’il a lancé la campagne massive de rappel vaccinal jeudi dernier, il n’y a « ni confinement ni couvre-feu ». Le gouvernement espère traverser la vague grâce aux vaccins et au passe sanitaire. Il y a « beaucoup moins de cas graves, d’hospitalisations et de décès », a-t-il souligné.
7,2 millions de rappels effectués
En effet, il y a eu respectivement 5.000 puis 6.000 lits Covid de soins critiques occupés pendant la pire semaine de la deuxième puis de la troisième vague. Lors de la quatrième vague, à la fin de l’été, le pic s’est établi à plus de 2.000.
Le gouvernement tente d’ériger une digue face à la vague, via le rappel vaccinal. La semaine dernière, 2 millions d’injections de rappel ont été réalisées, soit 500.000 de plus que la semaine précédente, ce qui porte le total des revaccinations à 7,2 millions.
Suite à l’annonce jeudi 25 novembre de l’élargissement du rappel à tous les adultes dès le cinquième mois après l’achèvement du schéma vaccinal initial, les Français se sont rués sur les plateformes de réservation en ligne. L’objectif du gouvernement était de revacciner 19 millions d’adultes, si possible avant le 15 janvier.
4 millions de rendez-vous depuis jeudi
En quatre jours, 1 million de personnes dans cette cible ont déjà eu leur troisième dose, et 4 millions de rendez-vous ont été pris. Cela se bouscule, chaque jour, pour trouver un créneau en ligne . Les plus de 65 ans, qui n’ont que jusqu’au 15 décembre pour prolonger la validité de leur passe sanitaire en se faisant administrer une troisième dose, sont déjà revaccinés à plus de 80 % (5,4 millions de rappels). Les 20 % restants vont devoir jouer des coudes pour se faire immuniser sous quinze jours.
Le ministère de la Santé assure être « confiant » sur l’atteinte de l’objectif de 10 millions de rappels à la fin de la semaine.
Avec une dose de rappel, la protection contre le risque de maladie grave est multipliée par dix, avait expliqué le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy. Selon une étude du ministère de la Santé publiée vendredi, le risque d’atterrir en soins critiques pour une personne de 60 à 79 ans est réduit de 94 % quand elle achève sa vaccination initiale, mais au bout de six mois, ce bouclier devient moins protecteur : seulement 82 % de réduction du risque. Après le rappel, il remonte quasi instantanément à 94 %.
Par ailleurs, l’extension de la couverture vaccinale initiale se poursuit à un rythme modéré chez les adultes – 160.000 premières doses la semaine dernière. La Haute Autorité de santé a recommandé mardi de vacciner sans attendre au moins 364.000 enfants de 5 à 11 ans à risque de forme grave . Elle n’a pas préconisé la généralisation pour cette tranche d’âge. Néanmoins le gouvernement y songe pour le début de l’année prochaine.