La pandémie de Covid-19 a des effets étonnants, d’accélérateur de tendance, notamment en matière d’analyse économique. Désormais, les conjoncturistes savent quasiment en temps réel quelle est la consommation des Français en analysant les données des transactions par carte bancaire.
C’est ce qu’ont fait les économistes du Trésor en regardant ce que les Français avaient dépensé dans les commerces en décembre, hors gros achats tels que l’automobile. Et, comme au printemps dernier, le déconfinement s’est traduit par un fort rebond quasi-immédiat de la consommation dans les magasins et sur Internet aussi.
« La première moitié de décembre a été marquée par un fort rattrapage des achats après la réouverture des commerces et le Black Friday », écrivent-ils dans une note à laquelle « Les Echos » ont eu accès. Le montant des transactions a bondi de 16 % au cours de la semaine du 30 novembre au 6 décembre par rapport à la semaine équivalente de 2019 et même de 27 % la semaine suivante, du 7 au 13 décembre. Elles se sont ensuite normalisées dans la seconde moitié du mois. Globalement, « sur l’ensemble du mois de décembre, les achats ont été supérieurs de 4 % à leur niveau de décembre 2019, après avoir été en recul de 17 % en novembre ». Ce qui est plutôt un bon résultat puisque les restrictions ont tout de même perduré en décembre, avec un couvre-feu à 20 heures.
Librairies, coiffure et matériel électronique en hausse
Déjà, l’an dernier, après le premier déconfinement, les Français s’étaient montrés les plus dépensiers des grands pays occidentaux. La consommation du troisième trimestre 2020 était revenue à un niveau inférieur de seulement 2 % à son niveau d’avant crise. Elle restait plus basse de 14 % au Royaume-Uni, de 10 % en Espagne, de 7 % en Italie et de 4 % en Allemagne.
En décembre, les ventes des libraires ont été supérieures en 2020 à ce qu’elles avaient été en 2019. Le chiffre d’affaires des coiffeurs a connu un fort rattrapage début décembre, puis est revenu à des niveaux normaux par la suite. Les ventes de vêtements ont particulièrement souffert du confinement, avant de revenir à des niveaux normaux, voire supérieurs autour du Black Friday. Dans le matériel électronique, les ventes en magasin se sont maintenues à des niveaux comparables à l’année dernière, alors que les ventes à distance ont très fortement progressé, notamment autour du Black Friday.
Quant au chiffre d’affaires des grands magasins, durement pénalisés depuis le début de la crise, il s’est un peu rattrapé pendant les fêtes grâce à la clientèle française, mais la clientèle étrangère leur fait toujours défaut, notent les économistes du Trésor. Enfin, les ventes de parfumerie et produits de beauté, fortement réduites par le confinement, ont connu une saison de Noël correcte.
Toute la question est désormais de savoir si ce rebond va durer. Etant donné les incertitudes sanitaires , les ménages vont continuer à épargner . Ce sont l’évolution du virus et la rapidité avec laquelle la société française atteindra l’immunité collective grâce notamment à la vaccination qui définiront la consommation de 2021.