Covid : la dette poursuit son envolée en France, Bercy s’inquiète du fossé grandissant avec l’Allemagne

La dette publique a continué de grimper au troisième trimestre, atteignant 116,4 % du PIB fin septembre selon les chiffres de l'Insee parus ce mardi. Grâce à la BCE, son coût ne cesse malgré tout de baisser. Paris estime toutefois que l'écart d'endettement grandissant avec Berlin constitue un problème.


Ministère de l'Economie et des Finances - Bercy -

Toujours plus haut. La dette publique de la France a poursuivi au troisième trimestre son ascension vers des hauteurs jamais vues depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale : elle représentait fin septembre 2.674,3 milliards d’euros, soit 116,4 % du PIB, selon les statistiques publiées ce mardi par l’Insee . Elle était à 114 % à la fin juin, une époque déjà à mille lieues de la situation de la fin 2019 (98,1 %), avant que la crise sanitaire n’ébranle l’économie tricolore.

« La progression de la dette publique ralentit fortement après le pic enregistré au trimestre précédent », note toutefois l’organisme statistique. Le premier confinement et la récession avaient alors fait bondir cette dernière de presque 200 milliards d’euros supplémentaires à la fin juin. Pour le troisième trimestre, qui a bénéficié d’un fort rebond de la croissance (+18 %) et des recettes fiscales qui vont avec, la hausse n’est que de 36,1 milliards. Mais tout cela ne devrait constituer qu’un bref répit avant le nouveau choc économique provoqué pour la fin de l’année par le deuxième confinement. A la fin 2020, Bercy s’attend à ce que l’endettement grimpe encore à 119,8 %.

Pas de conséquence budgétaire

Pour autant, l’endettement et les superlatifs s’accumulent, sans que cela prête vraiment à conséquence pour le moment du point de vue budgétaire. Au contraire, grâce à l’action de la Banque centrale européenne (BCE), qui a fait passer les taux d’intérêt en territoire négatif, plus la dette est grosse et moins son coût est important. Début novembre, Bercy avait ainsi revu une nouvelle fois à la baisse la facture de l’endettement : la charge de la dette est ainsi attendue à 35,8 milliards d’euros cette année alors que le montant initial prévu il y a un an – avant que la tempête sanitaire ne s’abatte – était de 38 milliards.

La tendance s’annonce similaire pour l’an prochain. Il faut dire que la BCE a annoncé en décembre qu’elle allait encore renforcer ses mesures de soutien à l’économie . Le projet de loi de Finances pour 2021 – tout juste actualisé et voté par le Parlement la semaine dernière – évoque désormais un endettement s’envolant à 122,4 % du PIB l’an prochain. C’est bien supérieur au 116,2 % évoqué en septembre , et pourtant la facture s’allège malgré tout : les documents budgétaires prévoient une charge de la dette de 36 milliards, contre 36,4 milliards annoncés en septembre. De quoi conforter les économistes qui estiment que l’endettement n’est pas le problème prioritaire pour le moment.

Fossé avec l’Allemagne

Cette opinion est toutefois rejetée par l’exécutif. « Il est impossible pour nous de faire le pari que les taux d’intérêt resteront à des niveaux si bas sur plusieurs années », explique une source gouvernementale. D’autant qu’un autre risque commence à inquiéter les autorités publiques. « Ce n’est pas tant le niveau de la dette en valeur absolue qui pose problème, que celui en terme relatif. L’écart avec l’Allemagne ne cesse de se creuser depuis dix ans et cela affaiblit aussi bien la puissance financière que la puissance économique de la France », estime cette source.

Alors que Paris et Berlin affichaient des niveaux d’endettement similaires au milieu des années 2000, l’écart s’était creusé à 38 points fin 2019, avant le début de la crise. Pour 2020, l’OCDE s’attend à ce que la dette allemande grimpe à 73,9 %, soit un fossé de 46 points avec la France.

Pour freiner la dérive du « quoi qu’il en coûte », l’exécutif a commencé à resserrer ses aides d’urgence aux secteurs les plus touchés par la crise sanitaire (restaurants, tourisme, etc.) sans que cela ne se traduise encore par une pause dans la hausse du déficit public. Le retour à la normale n’est de toute façon pas pour demain : Jean-François Husson, le rapporteur LR du budget au Sénat, expliquait la semaine dernière « qu’il faudra réaliser environ 75 milliards d’euros d’économies en sortie de crise, simplement pour ramener le déficit structurel au niveau qu’il avait atteint en 2019, c’est-à-dire 2,2 % du PIB ». Un scénario inenvisageable à l’heure actuelle.


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