Covid : la pression monte en vue d’un reconfinement

L'épidémie se maintient à un niveau élevé avec une tendance à l'accélération. De Martin Hirsch à Karine Lacombe, les responsables hospitaliers sont nombreux à envisager publiquement un reconfinement total ou partiel. Le gouvernement a décidé de surseoir cette semaine, mais la question va vite se reposer.


AP-HP President Martin Hirsch speaks to journalists before a visit of the Paris public hospitals' (AP-HP) crisis centre at Campus Picpus on March 30, 2020, in Paris, during a strict lockdown in France aimed at curbing the spread of COVID-19 (novel coronavirus). (Photo by GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

« Pas d’évolution des restrictions nationales cette semaine » : à la sortie du Conseil des ministres ce mercredi, le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a coupé court à la rumeur de l’annonce d’un troisième confinement ce jeudi, une semaine après la généralisation du couvre-feu à 18 heures . Mais la question va vite se reposer, car les indicateurs de l’épidémie de coronavirus sont préoccupants .

« La circulation se maintient à un niveau élevé et tend à s’accélérer de nouveau. La pression sur le système de santé demeure forte », a exposé le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans l’après-midi devant les députés, à la suite de quoi ceux-ci ont voté une nouvelle prorogation de l’état d’urgence sanitaire au 1er juin. Mardi, 23.600 nouveaux cas ont été enregistrés, et la moyenne sur sept jours s’élevait lundi à 18.300 cas quotidiens. Avec plus de 2.800 malades du Covid en soins critiques, les tensions hospitalières peuvent revenir très rapidement.

Pour Martin Hirsch, le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), cette « pente légèrement ascendante » n’augure rien de bon. « Tous les modèles considèrent que d’ici la mi-février à la fin février, ça ressemblera à ce que l’Angleterre ou l’Irlande connaissent depuis quelque temps », a-t-il prévenu sur France Info.

Le début d’une courbe exponentielle ?

Autre indice de ce dérapage discret des indicateurs : le nombre de soignants contaminés à l’AP-HP recommence à augmenter. Cela faisait trois semaines qu’il était stable. On risque de voir se développer le début d’une courbe exponentielle « dans 2-3 jours », alerte Martin Hirsch. De ce fait, il faudra, selon lui, « peut-être aller au-delà du couvre-feu ». C’est d’ailleurs ce que recommandait le Conseil scientifique , la semaine dernière, mais cet avis n’a pas été suivi par le gouvernement.

Les motifs d’inquiétude sont réels. Les effets de la vaccination ne seront pas sensibles avant plusieurs semaines. Même le Royaume-Uni, qui a quinze jours d’avance sur la France en termes de vaccination, ne voit pas encore d’amélioration due à cette protection contre les formes graves de la maladie. Et à présent, le très contagieux variant britannique circule sur le territoire français. Il ne se répand pas de manière incontrôlée pour l’instant (1,5 % des cas), mais si rien n’est fait pour le freiner, il pourrait selon certains scénarios devenir dominant en mars.

Deux semaines cruciales

Sur BFMTV, l’infectiologue Karine Lacombe a abondé dans le même sens : « On s’attend à ce qu’au mois de mars, ce soit très dur », a-t-elle reconnu. « Probablement que, localement, quand il va y avoir une augmentation du nombre de cas et surtout des arrivées dans les hôpitaux, en réanimation, il va falloir plus de mesures coercitives que le couvre-feu », a-t-elle poursuivi, évoquant la possibilité de reconfinements locaux.

Cela se justifierait par des niveaux d’incidence très variables entre l’ouest du pays, relativement épargné, et l’est, en souffrance, avec un record métropolitain à 432 cas pour 100.000 habitants dans les Alpes-Maritimes. Des confinements locaux contraindraient cependant à restreindre la circulation entre les différentes régions, ce qui n’enthousiasme pas le gouvernement. D’autant plus qu’un rattrapage est en cours dans l’ouest, où le couvre-feu à 18 heures a été plus tardif. La hausse y est plus forte.

Sur BFMTV, mardi soir, l’épidémiologiste Arnaud Fontanet a expliqué qu’il restait très peu de temps, « peut-être deux semaines » pour « casser très vite la dynamique » du variant britannique qui pourrait émerger en mars. « Le couvre-feu à 18 heures est la dernière chance avant le confinement » ; « On sait que les couvre-feux marchent, mais […] il faut que ça paye vite », a-t-il déclaré.

Les indicateurs de cette fin de semaine devraient permettre d’estimer l’efficacité du couvre-feu avancé à 18 heures. Enfin, on attend les résultats d’un deuxième sondage afin de mesurer la progression du variant britannique. Le gouvernement aura alors les cartes en main pour décider ou non de reconfiner.


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