C’est l’un des 7.000 Ehpad qui couvrent le pays, prioritaire pour la vaccination contre le Covid . Ce jour-là, tout le monde s’est préparé pour le vaccin. On a mobilisé le pharmacien, le médecin, le personnel, les résidents consentants. Mais le camion, dont la tournée était sans doute un peu longue, est arrivé à 15 h 30 au lieu de 10 heures.
Des histoires de livreurs qui se font attendre, on en raconte dans toutes les fédérations d’Ehpad, du secteur privé (Synerpa), solidaire (Fehap), public (FHF). La vaccination emprunte des circuits inédits. Mais en dépit de ces débuts chaotiques et d’une certaine impatience, elle devrait décoller la semaine prochaine , avec des livraisons volumineuses.
« Le démarrage a peut-être été un peu lent, mais c’est bien parti. La semaine dernière, tous nos établissements ont obtenu une date de livraison de la première dose », se félicite Antoine Perrin, le directeur de la Fehap, qui espère avoir terminé les opérations fin mars. « A cette date, on pourrait avoir atteint un taux intéressant de 60 % de vaccinés parmi nos résidents et nos personnels », projette-t-il. La lourdeur du processus de recueil du consentement ? « On a demandé à nos adhérents de l’alléger au maximum », explique-t-il, estimant que certains ont pu « surinterpréter » les consignes gouvernementales.
Le doigt sur la seringue
Chez Korian, l’un des leaders européens des maisons de retraite dans le secteur commercial, 70 % des Ehpad français se sont vu notifier une date de livraison d’ici au 6 février. Huit sites ont été approvisionnés la première semaine de janvier, puis 25 cette semaine, et 120 la semaine prochaine. Avec environ 200 patients déjà immunisés, le groupe espère avoir terminé sa campagne vaccinale fin mars dans l’Hexagone : le même délai qu’en Allemagne, mais bien plus long qu’en Belgique (fin janvier) et en Italie (fin février).
« On aurait aimé prendre de la vitesse dès cette semaine, parce que certains de nos adhérents ont le doigt sur la seringue ! » confie Florence Arnaiz-Maumé, la déléguée générale du Synerpa. Elle cite un Ehpad de l’Hérault qui a réussi à avancer sa date de livraison, initialement fixée le 2 février, après de vives protestations.
Mais il est difficile d’accélérer. Vu les contraintes de conservation par grand froid des doses de vaccin, et leur rareté, l’organisation doit être millimétrée. Les agences régionales de santé (ARS) reçoivent des plans de transport de Santé publique France, indiquant combien de doses vont être livrées depuis l’un des six entrepôts nationaux. Pour confirmer les besoins, l’ARS sonde à nouveau les Ehpad et les officines (qui dispensent le vaccin), puis procède à la répartition.
Cent hôpitaux pivots
Il existe également un deuxième flux, pour les Ehpad adossés à un hôpital : ils sont approvisionnés directement par l’un des 100 hôpitaux pivots de la vaccination Covid. « Ca va plus vite. Je pense qu’à la fin de la semaine, on aura déjà injecté une première dose à tous les résidents d’Ehpad ou d’unités de soins de longue durée rattachés à un groupement hospitalier de territoire », explique Marc Bourquin, responsable grand âge à la FHF. « Quand on a un médecin à demeure, une expertise pharmaceutique et des ressources paramédicales, on fait forcément mieux », explique-t-il.
Le temps passé à attendre le vaccin n’est pas toujours perdu. Dans un Ehpad de Montélimar, Marc Bourquin a constaté que 70 % des résidents et 50 % du personnel avaient accepté de se faire immuniser. Les intentions avoisinaient plutôt 60 % et 20 % début décembre.