Pour vacciner 50 millions de Français d’ici à fin août avec au moins une dose, comme le souhaite le gouvernement, il va falloir injecter environ 11 millions de premières doses supplémentaires. S’y ajouteront quelques millions de doses de rappel, sachant que 7 millions de Français sont d’ores et déjà au milieu de leur parcours vaccinal.
C’est un défi logistique qu’a lancé mercredi Jean Castex, en visant 4 millions de primo-injections la semaine prochaine, et autant la semaine suivante. Jeudi, les sénateurs ont d’ailleurs demandé à Olivier Véran comment il comptait y parvenir, lors de son audition par la commission des lois en vue de l’examen du projet de loi instaurant le pass sanitaire .
« On va faire tapis, on va faire all-in », a répondu le ministre de la Santé, en référence au joueur de poker audacieux qui pousse devant lui tous les jetons qui lui restent. « Je demande à tous les centres de vaccination, tous les pharmaciens que dans les dix jours qui viennent, il y ait un maximum de créneaux qui soient ouverts […], on va leur envoyer énormément de stock », a-t-il expliqué.
6,5 millions de vaccins en stock
Les stocks de vaccins à ARN-messager (les autres ne sont quasiment plus utilisés) s’élevaient encore mardi à 6,5 millions de doses. Ils sont éparpillés entre les plateformes nationales et la centaine d’hôpitaux-pivots. C’est le moment ou jamais, pour contrer l’attaque du variant Delta, de puiser dans ce stock-tampon pour bombarder les centres de vaccination et les officines.
Par ailleurs, 3 millions de doses doivent être livrées la semaine prochaine, puis 18,3 millions en août. « Les livraisons attendues couvrent largement les besoins. La difficulté principale viendra sans doute de la logistique, pour suivre les mouvements de population pendant les vacances », souligne-t-on au gouvernement.
Quid des vaccinateurs ? Entre deux auditions parlementaires, Olivier Véran bat le rappel en visioconférence avec les professionnels de santé. Jeudi, il a demandé leur aide aux pharmaciens, qui vaccinent en officine et distribuent les doses aux médecins, infirmiers, sages-femmes libéraux. Les soignants en ville ont désormais accès au vaccin Pfizer, ce qui va leur permettre d’immuniser les adolescents. Et leurs commandes de Moderna ont décollé cette semaine : 950.000 doses contre 350.000 la semaine précédente.
« On est mobilisés pour faire des gestes de santé publique, mais on est limités par les ressources humaines et on n’a généralement qu’un local pour recevoir du public, réagit Philippe Besset, le président du syndicat de pharmaciens FSPF. J’ai sonné le tocsin de la vaccination générale, mais comme le gouvernement veut aussi que nous multipliions les tests antigéniques à l’approche du week-end pour que les gens aient leur pass sanitaire, j’ai conseillé à mes adhérents de prioriser les tests sur les vaccins en fin de semaine. »
Vacciner sans rendez-vous
Par ailleurs, les agences régionales de santé sont chargées de faire en sorte d’éviter certaines fermetures de centres de vaccination, cet été, et de flécher les doses là où vont les vacanciers. L’ARS de Bourgogne-Franche-Comté, qui avait donné un coup d’arrêt aux réservations à long terme par peur de manquer de doses, s’est fait rappeler à l’ordre par le gouvernement. De nouvelles professions ont été autorisées à vacciner le 7 juillet, des préparateurs en pharmacie aux manipulateurs radio. Les centres de vaccination continueront à assurer les gros volumes.
Devant le Sénat, Olivier Véran a également annoncé que les rendez-vous de primo-vaccination pris en août pourraient être avancés, et que le ministère planchait sur une organisation pour vacciner massivement sans rendez-vous, « pour qu’on ait 3, 4, 5 millions de primo-vaccinations faisables dans les prochains jours ». En comparaison, il y a eu 1,7 million de primo-injections la semaine dernière, ce qui était déjà un beau score…
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Cinq millions de créneaux, cela correspond d’ailleurs au nombre de nouveaux rendez-vous enregistrés depuis qu’Emmanuel Macron a annoncé la mise en place du pass sanitaire et l’obligation vaccinale pour les soignants, le 12 juillet, a signalé Olivier Véran. C’est aussi, incidemment, le nombre de malades chroniques qui n’ont pas été vaccinés . Il n’est pas fini, le temps des seringues.