« La crise sanitaire n’est pas derrière nous. Nous allons vivre pendant encore plusieurs mois avec ce virus », a averti Emmanuel Macron lors d’un nouveau Conseil de défense mercredi matin. Le chef de l’Etat a insisté sur le caractère « dramatique » de la situation aux Antilles, qui enregistre des taux d’incidence extrêmement hauts. Sur l’ensemble du territoire, la situation épidémiologique est moins mauvaise.
La courbe des cas s’aplatit. Le nombre quotidien de personnes infectées continue d’augmenter, mais moins vite qu’en juillet. Selon Santé publique France, le taux d’incidence était de 235 pour 100.000 habitants au 7 août, en hausse de près de 4 % sur sept jours ( il avait progressé de 17 % la dernière semaine de juillet et de 94 % la semaine précédente). Le taux de reproduction du virus poursuit sa baisse et passe de 1,27 au 1er août à 1,22 ce mercredi.
28.576 cas positifs ont été recensés mardi par Santé Publique France. Entre le 1er et le 7 août, les contaminations ont progressé de 4 %, avec 22.500 cas positifs en moyenne chaque jour. « Nous sommes sur un plateau haut, légèrement ascendant, a reconnu le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Nous ne voyons pas encore le début de la descente, nous voyons en revanche l’impact sur les hôpitaux. »
Les régions côtières particulièrement affectées
Les admissions en soins critiques ont, de fait, bondi de 30 % par rapport à la semaine dernière. Actuellement, 9.153 personnes sont hospitalisées pour Covid-19, dont 1.745 en soins critiques. La barre des 9.000 personnes à l’hôpital n’avait pas été atteinte depuis fin juin.
Les régions côtières sont particulièrement affectées. Emmanuel Macron a souligné mercredi « l’état des lieux préoccupant » en régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Corse et Occitanie, où le taux d’incidence tourne autour de 500 cas pour 100.000, et fait craindre une montée de la pression hospitalière. Dans ces trois régions , et en Nouvelle-Aquitaine depuis mardi, le Plan blanc permet aux hôpitaux de mobiliser tous les moyens disponibles pour faire face à l’augmentation des hospitalisations.
« Avec le personnel soignant en vacances, ce n’est pas simple à gérer en particulier sur la côte méditerranéenne », explique le spécialiste des épidémies et chef du service parasitologie à l’APHP, Renaud Piarroux. Malgré ces chiffres, un débordement des hôpitaux comme en Martinique ou en Guadeloupe « semble très peu probable en métropole », selon lui.
Les hôpitaux bientôt saturés ?
Renaud Piarroux mise sur la poursuite de la vaccination à son rythme actuel. Il estime que « partout où plus de la moitié de la population est vaccinée, les rebonds épidémiques ne s’accompagnent pas d’une hausse des hospitalisations aussi violente que lors des précédentes vagues ».
Son analyse n’est pas partagée par Catherine Hill. L’épidémiologiste à l’Institut Gustave-Roussy compare la situation actuelle à celle de début octobre 2020, juste avant la deuxième vague, avec « une augmentation exponentielle des admissions à l’hôpital, en réanimation, et des décès ». D’après elle, la vaccination, en l’état, ne suffit pas à empêcher une vague similaire aux précédentes. « Le variant Delta est beaucoup plus contagieux que les souches antérieures. Même s’il circule uniquement parmi les 22 millions de personnes non-vaccinées, le résultat est le même », alerte l’épidémiologiste.