Covid : les nouvelles aides aux entreprises vont pousser le déficit public à 8,5 % du PIB en 2021

Le gouvernement va finalement ajouter environ 8 milliards d'euros de crédits supplémentaires l'an prochain pour gérer les conséquences du deuxième confinement. L'effort total, en ajoutant les crédits reportés de 2020, sera proche de 20 milliards. La dette va bondir à 122,4 % en 2021.


Les règles sanitaires sont de plus en plus strictes, les règles budgétaires de moins en moins. Conséquence logique de la deuxième vague pandémique et du déconfinement qui sera plus long que prévu , le gouvernement a décidé de revoir à la hausse son effort en 2021 pour maintenir à flot l’économie française avec un montant global d’environ 20 milliards d’euros dont 8 milliards de crédits nouveaux, quitte à dégrader un peu plus un déficit public désormais attendu à 8,5 % du PIB l’an prochain.

« Nous poursuivons notre choix stratégique de soutien massif aux entreprises, aux salariés et aux consommateurs, même si nous réorientons les aides vers les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire », a plaidé ce vendredi Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances. De fait, Bercy a provisionné suffisamment de crédits pour faire durer son fonds de solidarité recentré sur les secteurs les plus sinistrés jusqu’à l’été 2021.

Ces annonces découlent de la décision du gouvernement d’actualiser les prévisions économiques de son projet de loi de Finances (PLF) pour l’an prochain, qui revient la semaine prochaine à l’Assemblée nationale pour son adoption définitive. Depuis les premières annonces de septembre dernier , la situation a bien évolué avec la deuxième vague pandémique.

Espérances en berne

Il y a quelques semaines, Bercy avait déjà tiré les conséquences du deuxième confinement, en revoyant à la baisse ses espérances pour l’activité. La récession est désormais attendue à 11 % cette année, avant un rebond plus faible que prévu du PIB en 2021 à 6 %. « Je maintiens cette ligne de responsabilité et de prudence, même si plusieurs instituts sont plus optimistes », a souligné Bruno Le Maire.

Au-delà, c’est tout le volet dépenses qu’il fallait actualiser pour tenir compte de la nouvelle situation sanitaire. Le PLF initial ne prévoyait pas en effet de crédits pour des mesures d’urgence, ceux dévolus au nouveau dispositif de chômage partiel de longue durée (APLD) ayant été intégrés à la mission « relance ». « Il n’est pas temps de lever les mesures de soutien à l’économie, c’est un choix politique fait en coordination étroite avec nos partenaires européens », a précisé Bruno Le Maire.

Au total, Bercy prévoit un effort d’environ 20 milliards d’euros l’an prochain, même si les chiffres sont encore susceptibles d’évoluer. Dans le détail, environ 5 milliards doivent aller au chômage partiel traditionnel (dont la prise en charge à 100 % a été prolongée pour début 2021 ) et 6,5 milliards sont déjà prévus pour l’APLD, soit un total de 11,5 milliards. Le fonds de solidarité – « le pilier de notre soutien à l’économie », selon le ministre – se verra créditer de 7 milliards, avec la possibilité que celui-ci perdure jusqu’en juin 2021. « Nous ajusterons en fonction de la situation sanitaire », a ajouté Bruno Le Maire.

Des nombreuses aides

Par ailleurs, l’exécutif table également sur 1 milliard d’euros pour des exonérations de cotisations. Enfin, une enveloppe d’au moins 1 milliard d’euros doit être dégagée pour diverses aides : cela ira du soutien aux activités de remontées mécaniques en montagne (400 millions) à celui aux revenus des « permittents », en passant par des aides pour les secteurs du sport et de la culture et des moyens pour la prise en charge de congés payés dans les secteurs fermés . Le nouveau dispositif d’aides devrait lui coûter 200 millions, tandis que l’exécutif a aussi prévu d’apporter 250 millions à des aéroports fragilisés par la crise.

La facture semble importante, mais il y aura deux sources de financement différentes. Environ 8 milliards seront des crédits nouveaux, alors qu’on évoquait une dizaine de milliards depuis quelques jours . Une grande partie du reste viendra de crédits qui avaient été attribués pour des mesures d’urgence en 2020 mais qui n’ont pas été entièrement consommés (5 milliards pour l’activité partielle, 2,5 milliards pour le fonds de solidarité et 1 milliard d’exonérations de charges).

Comptes dégradés

Ce nouvel épisode du « quoi qu’il en coûte » ne sera pas sans conséquence sur les comptes publics. Il y a deux semaines, Olivier Dussopt, le ministre délégué aux Comptes publics, avait déjà prévenu que l’élan diminué de la reprise allait creuser le déficit de 6,7 % à 7,8 % en 2021. En rajoutant les nouvelles dépenses, Bercy table désormais sur un déficit de 8,5 % l’an prochain. « C’est un chiffre important, mais qui s’explique pour une part majoritaire par les effets de la macroéconomie », a insisté le ministre.

Le changement le plus spectaculaire concerne la dette publique. Bercy espérait il y a quelques semaines amoindrir le choc de la crise Covid en la faisant baisser l’an prochain par rapport au niveau attendu cette année (119,8 %). C’est raté, puisque ce ratio va franchir pour la première fois le seuil de 120 %, et est attendu à 122,4 %. La tâche de la nouvelle commission sur les finances publiques tout juste installée s’annonce compliquée.


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