Covid : les visites au domicile des personnes contaminées vont être généralisées

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a annoncé l'augmentation des effectifs consacrés au « contact tracing » pendant l'épidémie. Mais il n'y aura pas d'obligation d'isolement à domicile. Les délais pour obtenir les résultats des tests raccourcissent.


French Health Minister Olivier Veran speaks during a news conference on the coronavirus disease (COVID-19) outbreak, in Paris, France December 10, 2020. Thomas Samson/Pool via REUTERS

Améliorer la stratégie « tester, alerter, protéger » . On en parle depuis des semaines . Ce devait être le moment fort de la conférence gouvernementale hebdomadaire sur l’épidémie, jeudi soir. Mais les annonces du ministre de la Santé, Olivier Véran, en la matière ont été éclipsées par les mauvaises nouvelles sanitaires et le durcissement du déconfinement.

Même si l’ouverture du 15 décembre va être bien plus modeste qu’attendu , ce premier jour du déconfinement sera également celui où la nouvelle stratégie visant à briser les chaînes de transmission du virus se mettra en place. Avec une innovation importante : la création d’équipes mobiles polyvalentes qui pourront rendre visite aux personnes testées positives au Covid à leur domicile.

Le précédent Covisan

Cette visite à domicile ne sera pas obligatoire, mais elle sera proposée systématiquement. Il y aura au moins un soignant dans l’équipe, qui pourra dépister les autres habitants du logis à l’aide de tests rapides. Ce sera également l’occasion de donner des conseils sur la meilleure façon d’éviter les contaminations, sur la nécessité de s’isoler, et sur les aides pouvant être apportées en cas de nécessité. « Si la personne n’est pas en capacité, qu’elle vit seule, qu’elle ne peut pas faire ses courses », a énuméré Olivier Véran. Les patients devront également signer « une sorte de charte » par laquelle ils s’engageront à respecter la « mise à l’abri ».

L’objectif de cette innovation est double : persuader les personnes contaminées ou les cas contacts de l’importance de bien s’isoler et intervenir encore plus vite pour éviter l’apparition de foyers de contagion familiaux. Les appels téléphoniques passés par l’Assurance-maladie jusqu’à présent ne suffisent pas forcément à convaincre, notamment dans les milieux sociaux défavorisés, les plus touchés par le virus.

L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris a été la première à former des équipes mobiles de ce type lors du premier déconfinement. Mais l’initiative dite Covisan n’a pas été soutenue. Le gouvernement a préféré recourir aux agents de l’Assurance-maladie et au téléphone. « Pour amener quelqu’un à faciliter la recherche de ses contacts, il faut instaurer une relation de confiance en face-à-face », insistait l’initiateur de Covisan, le médecin Renaud Piarroux , fin octobre.

100 % de tests rendus en 24 heures

Pour mettre en place cette stratégie, Olivier Véran a annoncé l’augmentation des moyens humains consacrés au traçage des contacts. Ils sont déjà importants, puisque l’Assurance-maladie y affecte 7.500 agents (plus de 6.000 équivalents temps plein), sept jours sur sept. De plus, les agences régionales de santé font le même travail pour les clusters en collectivité (lycées, foyers, Ehpad…). Olivier Véran a précisé que la nouvelle stratégie impliquerait un grand nombre d’acteurs, dont les collectivités territoriales. Elles auront un rôle à jouer dans l’accompagnement à domicile.

Le volet « tester », bénéficiera de la mise en place le 15 décembre d’un bonus-malus pour les laboratoires biologiques, en fonction de leur rapidité à livrer les résultats des tests RT-PCR. L’objectif est de parvenir à « 100 % de résultats en moins de 24 heures, voire moins de 12 heures », a précisé Olivier Véran. Avec la décrue épidémique, les performances se sont améliorées ces derniers temps et 75 % des résultats sont déjà livrés dans la journée.

Pas d’isolement obligatoire

Par ailleurs, la liste des professionnels de santé habilités à réaliser des tests rapides antigéniques s’est considérablement allongée : dentistes, kinésithérapeutes, sages-femmes… En une semaine, environ 250.000 prélèvements ont été réalisés, mais ce sera « beaucoup plus dans les prochaines semaines », avec la participation des entreprises et des collectivités territoriales, a expliqué le ministre. Dès ce mois-ci, Le Havre et Charleville-Mézières vont expérimenter un dépistage massif de leur population, suivis en janvier par Roubaix et Saint-Etienne.

Enfin, le volet « protéger », devrait bénéficier du pouvoir de conviction des équipes mobiles, et d’un enrichissement de l’application mobile TousAntiCovid avec un module « comment s’isoler ». Mais le Premier ministre, Jean Castex, a écarté jeudi l’éventualité d’une loi rendant l’isolement obligatoire. Cela soulèverait « beaucoup de questions, non seulement éthiques mais aussi sanitaires, avec notamment la crainte que certains hésitent à se faire dépister de peur d’être soumis à une telle contrainte », a-t-il dit. « Nous devons donc orienter nos pistes d’amélioration vers l’accompagnement renforcé des personnes malades ».


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