« Nous avons décidé, à partir du 15 juin, de commencer à ouvrir la vaccination pour les adolescents, les plus jeunes, et à partir du 15 juin, de permettre aux 12-18 ans d’aller se faire vacciner, dans des conditions sanitaires, des conditions de consentement et de bonne information des familles, éthiques, qui seront précisées dans les prochains jours. » Emmanuel Macron a créé la surprise ce mercredi soir en ouvrant rapidement la campagne vaccinale aux mineurs, alors que tous les yeux étaient tournés vers le ministre de la Santé, Olivier Véran, invité à 20 heures chez TF1 pour dévoiler les intentions du gouvernement.
Cette décision a été prise le matin même, a précisé le chef de l’Etat, après avoir constaté que l’objectif de 30 millions de vaccinés à la mi-juin serait atteint. Trois jours après l’ouverture de la vaccination à tous les adultes , et cinq mois après le début de la campagne, plus de 26 millions de Français ont déjà reçu une première injection. Le cap de 50 % des adultes a été passé, qui correspond à 39 % de l’ensemble de la population.
La Haute Autorité de santé (HAS) avait informé le gouvernement que l’avis qu’elle comptait lui remettre ce mercredi soir allait lui laisser les coudées franches. En effet, selon nos informations, la HAS préconise de commencer à ouvrir la vaccination aux adolescents dès 12 ans, dès lors que les populations les plus fragiles – les adultes – commencent à être bien protégées, et surtout pour éviter que la vaccination ne ralentisse. Libre à l’exécutif de décider où se situe ce seuil.
« Passé 50 % d’adultes vaccinés aux Etats-Unis, ça a commencé à ralentir. Quand on arrive là, il faut remettre du charbon dans la chaudière », commente un haut fonctionnaire dans l’administration de la santé.
Avant la rentrée des classes
La HAS n’exige pas non plus du gouvernement qu’il vaccine les adolescents en descendant progressivement par tranche d’âge, comme cela a été fait pour les adultes, ou bien en commençant par les comorbidités. A lui de voir.
Le président du Comité d’orientation sur la stratégie vaccinale, Alain Fischer, était plus prudent . Il y a quelques jours, il avait envisagé une vaccination des 16-17 ans à la mi-juin, et des 12-15 ans en septembre. « Mais il n’est pas sûr qu’il faille vacciner dans les collèges ou les lycées. C’est encore mieux si les adolescents sont déjà vaccinés à la rentrée des classes », souligne la même source.
Le signal d’alerte envoyé par Israël, qui a détecté un lien possible entre la vaccination Pfizer et de rares cas de myocardites chez les jeunes , n’a pas été jugé dissuasif par la HAS : c’est un cas sur 1 million et on en guérit. Par rapport au risque, le bénéfice est immense.
Réaliser des diagnostics sérologiques rapides
Par ailleurs, la HAS recommande au gouvernement de réaliser des diagnostics sérologiques rapides à l’entrée des centres de vaccination, si possible à grande échelle, mais en commençant par un essai ciblé afin de vérifier que cela ne ralentit pas le processus. Le but est d’identifier des personnes qui ont déjà eu le virus sans le savoir et qui n’auraient besoin que d’une injection.
Un quart des Français auraient été infectés, mais seuls 8 % ont été testés positifs, ce qui laisse à penser que le réservoir d’injections à économiser est considérable. De plus, une infection et une dose de vaccins produisent plus d’anticorps que deux doses sans infection.
Rappel au bout de trois semaines
Enfin, ce jeudi, la HAS devrait donner des instructions aux professionnels de santé qui vaccinent afin qu’ils donnent plus de souplesse à leurs patients dans leur prise de rendez-vous, à la veille des vacances . Si nécessaire, il sera possible d’obtenir son rappel trois semaines après la première dose, comme cela se faisait en janvier, au lieu de 39 à 42 jours aujourd’hui. En revanche, la marge ne sera pas très grande après le délai de 6 semaines.