Covid : mars et avril seront « deux mois difficiles » en France

L'épidémiologiste Arnaud Fontanet n'écarte pas la possibilité que les restrictions actuelles et une plus grande prudence des Français suffisent. Mais même en cas de confinement, il s'attend à une période délicate avant le mois de mai, l'arrivée du beau temps et la vaccination d'une grande partie des personnes fragiles.


« Les semaines qui viennent sont décisives. Celui qui va dicter la marche à suivre, c’est le variant anglais. » A sa façon calme et mesurée, l’épidémiologiste Arnaud Fontanet a remis les points sur les « i » ce lundi matin sur BFMTV. Oui, les mesures de freinage et les gestes barrières parviennent à garder sous contrôle le virus de 2020 , a-t-il dit. C’est une réussite collective. Et s’il n’y avait que ce virus-là, le Conseil scientifique aurait sans doute recommandé la réouverture des salles de spectacles, qui n’accroissent pas le risque de contamination, à condition de prendre des précautions.

Mais il en faudra plus pour mater le variant britannique, qui est environ 50 % plus transmissible, et qui croît de 50 % par semaine, en France comme à l’étranger. Il représente probablement autour de 20 % des cas positifs actuellement . « Malgré les mesures, il continue sa progression », a alerté le membre du Conseil scientifique. Mi-février, ce variant devrait représenter de 30 à 35 % des cas, puis devenir majoritaire autour du 1er mars.

4 à 6 semaines de confinement strict

Face à ce péril, « la bonne nouvelle », selon l’épidémiologiste, c’est que les trois pays les plus touchés par le variant britannique (Royaume-Uni, Irlande, Portugal) ont réussi à reprendre le contrôle de la situation grâce à un confinement strict. « La chute des cas a été très rapide », ce qui montre qu’« il y a peut-être une petite marge de manoeuvre » pour nous aussi face à un mutant très agressif.

Cela consisterait à fermer les écoles et les commerces non-essentiels. Ce confinement dur durerait de « 4 à 6 semaines » et permettrait de faire chuter les contaminations quotidiennes. Lors du dernier déconfinement, l’objectif annoncé et jamais atteint avait été de retomber à 5.000 cas positifs par jour, ce qui aurait permis de relancer la stratégie « tester-tracer-isoler ». A 20.000 cas par jour, les autorités sanitaires ne peuvent que courir après l’épidémie.

Faire la soudure avec le mois de mai

Arnaud Fontanet n’a certes pas écarté l’éventualité d’un non-confinement, légitime pour préserver l’économie, la société, l’école. « Si ça tient, pourquoi pas », a-t-il philosophé. Il faudrait pour cela que les mesures annoncées le 29 janvier par le gouvernement (fermeture des très grandes surfaces commerciales, restrictions sur les voyages internationaux) suffisent (et que la population devienne « encore plus attentive ».

Les membres du Conseil scientifique comme lui font attention à ce qu’ils disent en public, car le chef de l’Etat déteste qu’on lui dicte une stratégie, surtout quand il s’agit de restreindre les libertés.

Quoiqu’il arrive, « mars et avril seront deux mois difficiles ». Dans le « scénario noir d’un confinement ou de quelque chose qui y ressemble », le nombre de cas retomberait à quelques milliers par jour, et on pourrait de nouveau tester, tracer, isoler convenablement. « Mais 100 % des souches seront devenues le variant anglais », plus agressif, prévient-il. Or il faudra tenir, « faire la soudure » avec l’arrivée des beaux jours et l’atteinte d’un palier de vaccination des personnes les plus fragiles en mai. Fin avril, le potentiel vaccinal est estimé à 18 millions de personnes.


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