Près de 7 millions en mars, 8,4 millions en avril – record de la série – et encore 2,4 millions en décembre, dernier chiffre publié ce mercredi par la Direction statistique du ministère du Travail. Même si les données peuvent encore évoluer compte tenu du décalage entre les demandes de placement et d’indemnisation, on connaît à présent mois par mois le nombre de salariés qui ont été placés en activité partielle (en tout ou partie) en 2020. Et surtout, la facture pour l’Etat, qui en paie les deux tiers, et l’Unédic, le solde, à savoir 27,1 milliards. Soit 7 milliards de moins que ce qui avait été budgété, compte tenu des différentes rallonges en cours d’année.
« Nationalisation des salaires »
Tirant les leçons de la crise de 2008, le gouvernement d’Edouard Philippe n’a pas attendu une fois le premier confinement décrété pour élargir l’accès à ce dispositif, très peu utilisé jusque-là car très peu intéressant financièrement pour les entreprises. Cette « nationalisation des salaires », comme l’a dit Emmanuel Macron, a été montée jusqu’à 4,5 fois le SMIC avec une prise en charge à 100 %. On se souvient comment la ministre du Travail d’alors, Muriel Pénicaud, passait d’un plateau de télévision à un studio radio pour donner les chiffres hebdomadaires, vantant le dispositif anti-licenciement « le plus généreux d’Europe ».
Elisabeth Borne, qui lui a succédé, n’a plus besoin de faire la réclame de l’activité partielle, tant les employeurs l’ont intégrée à chaque renforcement des mesures sanitaires, comme le montrent les chiffres de novembre et décembre. Fût-ce au détriment de la lisibilité du dispositif qui combine plusieurs taux de prises en charge et de durée, le coronavirus imposant son tempo au gouvernement.
500.000 contrôles
Le succès de la formule n’est pas allé sans quelques dérives , l’Etat ayant décidé de protéger d’abord et de contrôler ensuite compte tenu de l’urgence économique. Près de 500.000 contrôles ont été menés depuis le début de la crise permettant de détecter pour 200 millions de suspicions de fraude, l’essentiel de cette somme ayant été récupéré, a indiqué, ce mercredi, Elisabeth Borne sur LCI. « Je peux vous assurer que 70 % des sommes qui faisaient l’objet d’une suspicion ont été bloquées dès le départ, et on a pu récupérer 80 % de l’argent qui avait été indûment versé », a-t-elle précisé. Reste à récupérer une vingtaine de millions.
A l’origine de ces fraudes, on trouve notamment des escrocs qui ont cherché à usurper l’identité d’entreprises, avec parfois des ramifications internationales. Un de ces réseaux aurait ainsi tenté de détourner 182 millions obligeant le parquet de Paris à ouvrir une enquête l’été dernier.
